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jeudi 3 novembre 2011

L'avenir de la Médecine générale. Télémédecine ou technicité ?

Dans une vie antérieure, j'ai été, comme maintenant, médecin de campagne. C'était en des temps reculés, les années 90, où la consultation était "honorée" 17,53 euro et la visite 20,58 euro.  Je n'avais pas encore tout compris et je faisait des centaines de km par semaine sur des routes à peine goudronnées pour aller me faire ruiner les pantalons par des chiens galeux dans des cours de ferme boueuses.
Bien sûr, je force un peu le trait, mais si peu, pour décrire ces petites exploitations où depuis des générations, les paysans locaux élevaient leur 5 vaches et arrachaient péniblement à la glèbe hostile quelques tubercules...
Dans une de ces fermes, vivait un couple d'agriculteurs sexagenaires, dont la femme avait eu la malchance de déclarer son diabète en débutant simultanément une cécité quasi complète et un mal perforant plantaire.
Syndrome d'incompatibilité foeto maternelle ou simple facétie de dame nature, ces cumulards des emmerdements, qui n'auraient pas parus décalés dans "la terre" de Zola, avaient quatre fils dont les trois derniers étaient ... comment dit on déjà ? ... Ah oui, déficients intellectuels, et pour peu que le temps fut maussade, j'avais parfois l'impression d'évoluer dans  " le nom de la rose".
Nous nous asseyions sur les chaises branlantes de la pièce commune, les pieds au frais sur le sol de terre battue, je vérifiait l'équilibre du diabète, puis, à la lumière de la fenêtre, sous le feu des palilalies de Didier, le fils cadet, je tentais d'examiner la plaie qui creusait le talon de mon hôtesse. Je prenais une lame de bistouri et j’ôtais la corne qui se développait, refaisais le pansement, téléphonais à l'infirmière et nous échangions nos impressions sur l'efficacité de tel ou tel type de pansement. Hydrocolloïdes ? Hydrocellulaires ? simple tulle gras ? antibiotulle ? Détersion ? antibiotiques ?...
Quand j'y pense, j'étais vraiment un précurseur : je parlais déjà aux infirmières, 20 ans avant que l'état ne promeuve l'exercice pluri-professionnel !
Ensuite, je remontais dans ma Twingo et refaisais en sens inverse les 15 km qui me séparaient de mon cabinet, en faisant en chemin une dizaine d'autre visites dans les mêmes conditions, et sans jamais prendre les indemnités kilométriques ! question de principe ! et puis je croyais que les patients n'étaient pas remboursé des kilomètres...
Bref ! cela faisait 3 ou 4 ans que l'on peinait avec cette plaie qui tendait à se rouvrir régulièrement, lorsque survint un évènement qui allait bouleverser ma pratique.
Grace à l'action décisive des pouvoirs publics, la télémédecine était née ! ta-tah... !
A l'initiative du diabétologue hospitalier, une ambulance vint une fois par mois chercher ma patiente pour l'emmener dans une salle aménagée à grand frais dans les sous sols de l’hôpital local. Entre les écrans, les serveurs, les micros et les claviers, elle s'asseyait sur une chaise, se déchaussait et présentait son pied à la caméra.
A 70 km de là un Grrrand Prrrofesseurrr de CHU de Capitale Régionale chaussait ses lunettes, examinait ledit pied par le truchement du moniteur de l'ordinateur de la salle de télémédecine du Grand CHU, puis il se concentrait et après quelques minutes de réflexion, il nous révélait la VERITE !
C'est ainsi que nous apprîmes (avec stupéfaction) que la patiente était diabétique (véridique) qu'elle souffrait d'un mal perforant plantaire (sans blague !) et que nous devions utiliser des pansements hydrocellulaires. (sur la tête de ma mère, j'te jure c'est vrai!)
Grâce à ces précieuses consultations, les gros ignares que nous étions, médecin et infirmières bouseux de patients bouseux, continuèrent à soigner encore 5 ans le pied de Mme Michu... sans la moindre amélioration, certes, mais avec la bénédiction du CHU et d'importants frais pour les transport et l'utilisation de la salle de télémédecine.

Déjà, entre la télémédecine et moi, cela ne commençait pas vraiment sur une note idyllique.
Bien que moins critique qu'aujourd'hui (à l'époque j'avais encore un peu confiance en l'état et ses réalisations) j'avais déjà le sentiment confus que ce "machin" était une grosse arnaque !
Malheureusement, je me fatiguai de ce type d'exercice avant que la télémédecine ne me permette de sauver d'autres vies.
J'eu néanmoins l'occasion de voir que ce type d'expérience fleurissait un peu partout, dans les zones rurales de notre beau pays.
Ici un projet de télégérontologie dans le Limousin pour que ces ignares de généralistes puissent recevoir la bonne parole de vrai gériatres.
Là un projet de télémédecine dans le Couseran (région de l'Ariège) dont ne comprends pas bien en quoi il consiste, mais dont on nous dit qu'il va résoudre les problèmes de désertification médicale, et qu'il est très intéressant. Et en plus, il s'agit d'un projet de RESEAU, alors, t'as qu'à voir si c'est intéressant !
Intéressant au plan financier sans doutes. (Y a des sous à prendre coco ! y z-ont mis 1,7 Miyons d'euros sur la table !).
Tiens, moi qui connait très bien le Couseran,  j'aimerais bien savoir où en est rendue la télémédecine là bas... je vais me renseigner.
Ahhh, voilà un site qui est bien : ruralitic . C'est un truc qui annonce le programme d'une petite sauterie entre élus locaux, politiques et industriels bien introduits dans les coulisses du pouvoir. A 14 h 15 il y a une table ronde sur la télémédecine. On peut lire : "La réforme HPST, qui officialise et encadre la télémédecine, commence à produire ses effets. Les Agences Régionales de Santé sont en place et ont commencé à dialoguer avec les territoires. Les Maisons de Santé, postes avancés de la médecine en milieu rural, se multiplient et l’attente des populations, notamment âgées, n’a jamais été aussi forte en termes d’accès aux soins et de maintien à domicile. Comment relier les Maisons de Santé aux hôpitaux locaux et régionaux ? Comment faciliter le maintien à domicile ? Comment structurer, grâce au numérique, de véritables « réseaux de soins » territoriaux ? Et au-delà du soin, comment impliquer le numérique dans l’aide quotidienne, dans l’aide aux aidants, et créer de nouvelles formes de solidarité ?" 
Pas un seul médecin de terrain invité bien sûr, mais tout les mots qui vont bien y sont : Réforme, Territoires, Maison de Santé, Accès aux Soins, Maintien à Domicile, Réseaux de Soins, Aide, Nouvelles Formes de Solidarité, etc...
N'en jetez plus, la cour est pleine. C'est juste du bon gros pipeau, qui coûtera cher et ne servira jamais à rien.

Dans le même style, j'ai beaucoup apprécié ce programme qui a permis à 11 médecins de l'arrière pays niçois de recevoir des valises de télémédecine.
But de ces valises : fournir aux médecins généralistes des outils performants : ECG - oxymètre - tensiomètre - spiromètre et microbilan bio et webcam permettant téléconférences et téléconsultations.
Bonnes grosses valoches à 16800 euro pièce tout de même, mais, bon, le prix n'a aucune importance, n'est-ce pas? ce n'est que de l'argent public, non?
J'ai fait un petit calcul :
                       un ECG :                                       1000,00 euro (et je ne prends pas le moins cher)
                       un microspiromètre :                      400,00 à 750,00 euro
                       un oxymètre :                                 50,00 euro (et je prends l'allemand, pas le chinois)
                       un tensiomètre (+ glucomètre) :      90,00 euro
                       Micro bilan biologique : ??             coût ?
                       une webcam à haute définition :      présente sur tous les smart phones
                       une connexion 3g :                         idem : présente sur le smart phone du médecin
                       TOTAL :                                      1540,00 à 1890,00 euro

J'arrondis à 2000,00 euros.
Je ne connais pas le prix du "microbilan biologique" (peut-être s'agit-il simplement de tests de diagnostic rapide comme il en existe des dizaines). Quoi qu'il en soit, le contenu de cette valise pourrait être remplacé par 2000,00 euro d'investissement réel,(peut-être même 3000,00 euro), alors qu'elle est vendue au département 16800,00 euro.
Je m'attend au mail du commercial de l'entreprise qui va m'expliquer que je n'ai rien compris et que le service fourni est autrement meilleur que celui fourni par chaque appareil vendu séparément... Mouaif , z'êtes sûr?

Au delà du problème du coût de ce matériel, je note que ce programme est extrêmement symptomatique de l'image que les pouvoirs publics et les média (et les patients ?) ont des généralistes.
Comprenez, ma brave dame, un généraliste c'est un peu con ! ça ne sait pas lire un ECG, ni une spirométrie. Ça ne connais pas la normale de la SpO2 en air ambiant. Pour cela, il lui faut l'avis du spécialiste (hospitalier bien sûr).
Par contre, un généraliste, sera assez bon pour porter le matériel, de jour comme de nuit (permanence des soins oblige).
Dites donc, mes chers confrères des alpes maritimes, vous n'avez pas un p'tit peu l'impression qu'on vous prends pour des cons avec ce programme ?
N'avez-vous pas d'autre ambition professionnelle que d'être des "porteurs de valise" ?


La télémédecine, nous en faisons tous les jours, à moindre coût, à chaque fois qu'on appelle un correspondant, qu'on faxe un bilan complexe pour avis... Nul besoin que les pouvoirs publics y fourrent leurs gros doigts et leurs normes absconses. Quand l'état encadre, je sais que c'est mort !

L'avenir de la médecine générale, le seul avenir que je vois à notre métier, c'est que le généraliste s'empare des outils du 21ème siècle.
Est il normal qu'en 2011 un généraliste ne consulte qu'avec son stétho. et son otoscope ?
Ça, ce sont les outils du 19ème siècle ! Le docteur Knock avait les mêmes !

Quels sont les équipements qu'un généraliste a tout à gagner à acquérir, afin d'améliorer sa pratique ?
Faisons une petite liste non exhaustive :

- Un ECG bien sûr : Des généralistes de plus en plus nombreux s'équipent d'électrocardiographes, mais là encore il s'agit d'un outil assez ancien dont le coût tend heureusement à baisser sérieusement. Mon premier ECG m'avais coûté 10 000,00 FF il y a 18 ans. C'était une somme à l'époque, et le matériel était basique, électronique, monopiste. Une rusticité gage de solidité puisqu'il fonctionne toujours parfaitement aujourd'hui.
De nos jours, il faut compter moins de 1000,00 euros. Le tout, c'est de faire des tracés afin de ne pas oublier ce que nous avons appris à la fac, et de connaître les limites de l'examen.
Une pratique régulière des ECG permet assurément de débrouiller un certain nombre de situations scabreuses sans systématiquement recourir à l'hospitalisation. Un meilleur service pour le patient et une économie importante, donc, probablement autour de plusieurs milliers d'euros par an et par médecin, et royalement "honorée" un DEQP003 = 13,52 euro, non revalorisé depuis des lustres (surtout pas lors de la dernière convention).

- Un microspiromètre. 6 ans de salariat dans un centre de réhabilitation respiratoire oblige, je me suis habitué à la spirométrie. Depuis 2 ou 3 ans, donc, j'étais à la recherche d'un spiromètre économique, sachant que mon activité de médecine générale n'allait pas m'amener à pratiquer des centaines de spirométrie par an et que par conséquent il était hors de question que j'investisse les 4000,00 ou 5000,00 euro du coût de l'appareil.
Aujourd'hui, pour 530,00 je viens d'acheter un microspiromètre fonctionnant parfaitement et me permettant d'imprimer des compte rendu très propres pour les patients. Compte tenu du nombre de patient porteurs de BPCO, nul doute que je parviendrai à en rembourser le coût en un an, environ. Et franchement, il n'est pas besoin d'être grand clerc pour interpréter une spirométrie simple ! Un rafraîchissement d'une heure suffit pour s'y retrouver.
Les asthmatiques sévères et les fumeurs que je suis pourront donc bénéficier d'une spirométrie simple chaque année, au cours d'un renouvellement de traitement sans aller à 40 km voir un pneumologue. Je n'aurai donc bientôt plus de mauvaise surprise avec ceux qui renâclent à faire le trajet et se retrouvent un jour en état de mal asthmatique ou en insuffisance respiratoire chronique.

- Les test de diagnostic rapide et autres dosages instantanés. Ils sont rentré dans les moeurs avec la mesure de la glycémie capillaire, puis le streptatest. Mais je viens de découvrir qu'il en existe des dizaines. Quelle est leur fiabilité, leur utilité précise et leur coût ? Je n'en sais rien encore, mais il est sûr que j'aimerais disposer de troponitest par exemple. Cela me permettrait, s'il est fiable d'économiser quelques hospitalisations, de rassurer quelques patients, de faire quelques diagnostics urgents à moindres frais.
Allez, je me renseigne.

Allons à peine un peu plus loin. Quel outil, utilisable dans un cabinet de médecine générale permettrait à la fois d'améliorer le service fournit par le généraliste, redorerait l'image de la médecine générale et renforcerait la communication médecin - malade ?
L'échographie bien sûr !
Peu ou pas dangereuse, disponible immédiatement, l'échographie est le prolongement de la main du médecin.
Les gastro-gastro-entérologues s'en sont emparé.
Les gynécologues la pratiquent régulièrement.
Les cardiologues l'utilisent en pratique courante.
Les urgentistes l'utilisent de plus en plus...
Les généralistes n'en seraient pas capables ?
Comment se fait il qu'en 2011, l'échographe ne soit pas encore devenu le deuxième stéthoscope du généraliste du 3ème millénaire ?
Corrigez moi si je me trompe, mais il me semble que cette technique n'est même pas enseignée aux généralistes dans leur formation médicale initiale, alors qu'une pratique régulière de cette technique améliorerait le service rendu, et éviterait à coup sûr des dépenses inutiles.
Est-ce que cela ne constituerait pas une meilleure aide à la médecine de premier recours, que ces coûteux programmes de télémédecine qui veulent faire de nous des officiers de santé, des fantassins de la médecine spécialisée.
En me renseignant sur les prix d'un échographe, je découvre avec stupeur que l'échographie est même pratiquée par beaucoup de vétérinaires de campagne. Pourquoi pas les médecins généralistes ?
Bien sûr, l'usage qu'un généraliste aurait de cet outil ne lui permettrait pas systématiquement de coter les actes de radio-échographie et donc d'amortir le coût encore élevé d'un bon échographe. Son échographe aurait essentiellement une fonction clinique, lui permettant d'affiner un diagnostic, de suivre lui même un patient sans l'envoyer 20 fois au centre de radiologie. mais pour cela, il lui serait utile de retrouver une certaine liberté tarifaire.
Finalement, en contraignant le prix de la consultation, le système conventionnel est donc là encore un frein important à l'évolution de notre profession, et surtout à une offre de soin de qualité.
Heureusement la mondialisation et la baisse des coûts afférente vient à notre aide. Le coût de ces nouveaux outils était il y a encore quelques années, rédhibitoire. Un généraliste ne pouvait pas réellement investir dedans. Il est aujourd'hui, grâce à la mondialisation, accessible en pratique. Il existe maintenant des échographes abordables, souvent produits en Chine.
Si j'osais cette remarque un peu iconoclaste, je dirais que grâce à cela, les généralistes pourront peut-être bientôt devenir aussi performant que des vétérinaires ! (mais avec 10 à 15 ans de retard).
D'ailleurs, cette année, c'est décidé. Avec mon associé, nous nous formons à l'échographie.

En résumé, il me semble qu'il suffirait de peu pour que la médecine générale renaisse de ses cendres et devienne une vraie spécialité, hautement technique et intensément humaine.
Au lieu de cela, les pouvoirs publics semblent pousser à faire des généralistes des têtes de pont du système hospitalier, des porteurs de valises, des "applicateurs de procédures standardisées"...
Encore une fois, ils n'ont rien compris !
S'il vous plait, messieurs les décideurs, arrêtez de m'aider !




20 commentaires:

  1. Je suis pas mal d'accord !
    ECG, micro doppler me paraissent indispensable, et je songe sérieusement à me mettre à l'échographie depuis que j'ai vu à quel point ma maigre formation sur le tas pendant l'internat (gynéco et gastro) me permettait de débrouiller comme situation ! Après avoir été en stage chez un prat ayant le DU d'écho et donc l'appareil allant avec; ma décision est prise également !

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  2. Bonsoir,
    Je rajouterais au matériel nécessaire une lampe à fente et le machin pour dépister le glaucome.

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  3. Très bon post qui devrait donner des idées à nombre de nos collègues qui ne savent pas où est leur métier.
    On veut des marques pour les appareils (je vais regarder la doc pour les microspiromètres).
    Bravo !

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  4. RESATER est dans les choux dans le Couseran, pourtant le Couseran n'est pas particulièrement connu pour ses choux.

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  5. A Docteur V: c'est quoi le machin pour dépister le glaucome ?

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  6. Louis-Adrien Delarue4 novembre 2011 à 15:08

    Bonjour et merci de cet article vivifiant.

    Sur un forum (mgclinique@yahoo.fr) pour ne pas le citer), nous débattons de l'utilité du spiromètre en terme de gain de morbidité et/ou de mortalité, que ce soit pour l'asthme et la BPCO.

    Qu'en pensez vous ? Merci bien.
    Cordialement,
    Louis-Adrien Delarue, médecin généraliste

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  7. <Nicolas Prince
    La soufflette qui permet à l'OPH en 1,5 seconde de mesurer la pression intra oculaire. Un tonomètre à air pulsé.

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  8. la soufflette pour dépister le glaucome n'est pas sur lampe à fente (ou alors ça fait trop longtemps que je boude les marchands de matos) la soufflette est peu fiable (désolé de vous casser votre rêve) la mienne est rapidement tombée en panne dès la fin de la garantie et je me débrouille sans. une lampe à fente chez le médecin généraliste je n'ai rien contre :-)
    je préfère un MG derrière une lampe à fente qu'un opticien
    il m'arrive de prendre la TA de mes patients le MG apprécie peu je ne sais pas comment il le prendrait si je m'offrais un echo doppler ou un appareil à ECG :-)

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  9. pour le reste je suis bien sûr d'accord avec vous c'est du très beau foutage de g...et du grand n'importe quoi
    depuis qq années je m'étonnais de ne plus voir de diabètiques, en fait les MG envoyaient aux grands diabétos des CHU qui mm si l'oph traitant était convenablement équipé obligeaient à passer en consultation d'ophtalmo au CHU(situé loin). comme vous le savez nous ne manquons pas de patients mais ce genre de procédé est fréquent et agaçant(mm chose pour les gamins strabiques de la DDASS consultation "obligatoire" au CHU transports etc...)

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  10. Désolé, les OPH occupent un peu le terrain.
    - Il est normal et sain que les MG revendiquent une activité large et conforme à leur compétence. Et donc s'équipent en matériel. D'autant que la démographie des spécialistes libéraux va rapidement obliger les patients ruraux, et même semi-ruraux, à faire beaucoup de kilomètres pour les consulter, et sans même forcément être sûrs d'une grande disponibilité. A cet égard, quand j'entends Dominique Dupagne prédire la fin des MG libéraux je suis doublement inquiet.
    - Si vous souhaitez faire du dépistage de glaucome et devez choisir entre LAF pour FO et tonomètre à air (15 à 20000 €TTC les deux), optez pour la LAF + une lentille asphérique pour examiner les papilles. Et formez-vous à l'examen des papilles, votre rendement qualitatif sera bien meilleur. La MSA fait des "dépistages de glaucome" avec des "souflettes" qui nous amènent des paquets de fausses hypertonies. En effet, une bonne mesure ne demande pas 1.5s mais 3 mesures /oeil + moyennage, sur un patient calme à qui vous expliquez le truc pour lui éviter de sauter au plafond sous le jet. Si vous êtes très fort ça va vite mais pas tant que ça. Enfin, sachez que dépister le glaucome chronique sur la base d'une PIO (couplée à une pachymétrie centrale = ? €, mon pachy est amorti depuis longtemps) laisse passer 50% des cas.
    - Tout ça pour dire que la LAF est le meilleur investissement car vous impressionnerez l'OPH avec un dg de papille pathologique, les CE superficiels que vous enlèverez vous-même, les herpès cornéens que vous ne cortisonerez pas et les FO normaux des diabétiques que vous n'aurez pas à nous envoyer tous les ans (50 % des 10 à 15 que je vois quotidiennement). Et vous rendrez service au patient quand vous n'aurez plus d'OPH à moins d'une heure de route. Ah, c'est déjà le cas ?
    Voilà.
    Très amicalement et confraternellement !

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  11. PS : j'ai un tono à air pulsé mais je contrôle toujours au tono à aplanation (d'ailleurs moins cher et sur la LAF, vous pouvez y aller)quand je me pose la question du glaucome. Et tous "mes " glaucomateux ou hypertones sont suivis à l'aplanation (on dépiste au FO et on traite sur la PIO). Ceinture et bretelles, pas d'économies ni de moyens ni de temps, je ne suis pas assez bizness sur ce coup !

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  12. Bonjour à tous et merci de vos interventions.
    je pratique couramment le radiodiagnostic en traumatologie en tant que médecin de montagne.
    Je fais quasi quotidiennement des ECG en pratique courante et en médecine d'urgence (médecin correspondant Samu)en bonne intelligence avec les cardiologues correspondants.
    La surveillance pneumologique par spirométrie ne me pose aucun problème, ni technique ni moral. je le fais comme le reste en restant à ma place de médecin de premier recours et en relation avec mes pneumo correspondant. cela permet d'éviter des consultations pneumo inutiles, mais cela permet parfois de dépister des patients porteurs de BPCO sévère qui nécessitent plus d'exploration et qui sont donc adressés au spécialiste.
    Je me forme à l'échographie en ce moment.
    J'enlève les corps étrangers cornéens avec de plus en plus de mal (je suis obligé de reculer de plus en plus... ;-) J'avoue que je suis totalement paumé en ce qui concerne l'équipement ophtalmo, et je fais confiance aux ophtalmologues mais je ne demande qu'à me former.
    Je ne suis pas pour un saucissonage du patient. Un spécialiste doit s'intéresser à la globalité pour faire certains diagnostics. notre métier n'est pas de se substituer au spécialiste mais de mieux sélectionner les patients qui en ont besoin. Nous pouvons prendre en charge certaines pathologies traumatiques, pulmonaires, cardiaque, gastro entérologique, dermato, ophtalmo,... mais les patients auront toujours besoin des compétences des spécialistes.
    Cela signifie peut être un peu moins de consultations pour les spé, mais uniquement des gens qui nécessitent un avis spécialisé.
    Dans le système actuel, avec des tarifs rigides, cela pose sans doute un problème en ce concerne la rémunération des médecins...

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  13. Par ailleurs, je ne crois pas que Dominique Dupagne prédise la fin de la médecine générale libérale. Il me semble justement qu'il pensait comme moi qu'il y aura toujours une place pour une médecine de premier recours de qualité SURTOUT si la crise provoque l'effondrement de l'organisation actuelle de la protection sociale.

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  14. En tant qu'allergologue je vous dis mille fois oui pour les spiromètries : facilement réalisables et interprétables (pas pire qu'un ECG), elles permettent d'avoir un suivi de vos asthmatiques *au moins* une fois par an! Il n'est pas imaginable de voir un cardiaque sans ECG, il ne devrait pas être imaginable de voir un asthmatique sans EFR.

    En plus, le principal intérêt n'est pas finalement de voir les dégradations mais de constater le nombre de patients sur traités et en particulier par de coûteuses associations fixes qui pourraient être fortement allégées ou supprimées les causes de l'asthme (allergies...) étant correctement prises en charge.

    Alors, oui, mille fois oui pour l'EFR (et mieux la plethysmographie mais c'est un peu plus cher : 15 000€).

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  15. Bonjour. Exact, La PTG est beaucoup trop chère pour le faible nombre d'examens réalisables chaque année par un généraliste ou même par un groupe de généralistes installés en centre médical avec mutualisation des outils.
    La spiro, relativement économique permet de repérer et de quantifier (pour les patients) l'importance de la dégradation de la fonction respi chez un fumeur ignorant sa BPCO par exemple, ou chez un asthmatique habitué à sa gène respi (on en connait tous des asthmatiques qui attendent le dernier moment pour se plaindre)
    De plus, effectivement, on peut baisser le tt de fond d'un asthmatique allergique avec spiro normale et stable et test aux beta2 mimétique négatif, ou augmente le tt de celui qui garde un test au beta2 positif (ou renforcer la prise en charge des allergies)
    Au bout du compte, le but de la réalisation de certains examens jusque là traditionnellement réservés aux spécialistes n'est pas de prendre du travail aux spécialistes, ni d'enrichir le généraliste (le cout de l'équipement est juste amorti) mais surtout d'améliorer le service rendu aux patients et le rayonnement de la MG.

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  16. Bonsoir,

    en Allemagne, le MG de ma mère fait des échographies depuis des années, ainsi du labo, des infusions, des radio. Bien sur, il a ses assistantes qui effectuent une grande partie de ce travail.

    Très intéressant ces chiffres et surtout la différence.

    Mais une question: en quoi la télémédecine peut-elle venir en aide au soins ou au maintien à domicile? Si la personne est seule, handicapé elle a bien besoin d'une aide pour se laver, etc et je vois mal une IDE le faire via un écran ou un médecin lui prendre la tension via l'écran (à condition que cette dame a une connexion Web ou vit dans un zone couvert).

    Le manque de médecin et de soignants (IDE, Aide-soignant, etc) ne se résout uniquement par la formation d'un plus grand nombre de personnes physique et non par des machines. Mais bon, ce n'est que mon opinion personnelle. En tout cas si jamais venait l'idée que la consultation ophtalmologique se fera via la télémédecine - je refuserais celle-ci. Je veux avoir un être humain en face de moi, qui me parle et m#explique en direct.

    Bonne soirée

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  17. Comme d'habitude, tu me fais réfléchir...
    Je vais d'abord m'installer et prendre mes marques. Je repenserai à tout ça après. C'est proche de ce que je crois être la médecine générale : ne pas envoyer aux spés pour des problèmes que nous pouvons suivre et faire des examens de base, utiles.

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  18. @Chantal : C'est vrai. En Allemagne et dans de nombreux pays, les généralistes (entre autres) font de l'échographie. Finalement, c'est assez naturel. L'écho est le prolongement de la main du médecin. Elle vient donc enrichir la clinique. La cotation en France vient s'opposer à cette pratique quotidienne de l'écho...
    Par ailleurs, vous soulevez une question intéressante : "en quoi la télémédecine va-t-elle résoudre le pb du maintien à domicile ? "
    Bonne question. Ma réponse : "c'est pas clair !"
    Anectotiquement, on peut imaginer qu'un généraliste (un déplaçologue devrais-je dire ?) aille à son domicile et se serve de certains outils pour demander des avis spécialisés. Tout cela est fumeux, avec un temps de spécialiste pas forcément disponible, un financement non assuré...
    Cela meparait être de la poudre aux yeux, une marotte de plus des politiques qui risque de couter cher et de ne pas apporter les services attendus.
    Mais c'est la politique actuelle. Il me semble qu'il serait préférable de remettre de la souplesse dans le système afin de permettre aux médecins de s'adapter à leur époque.
    Mais ça, ce n'est pas à l'ordre du jour.

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  19. @ Fluorette.
    Notre métier est extraordinaire. Nous avons la possibilité de faire énormément de choses. Le tout est d'en avoir la compétence. A nous de nous former et de nous équiper.
    Bien sûr, il ne faut surtout pas s'attendre à ce que les pouvoirs publics nous aident. Ils nous mettront au contraire des bâtons dans les roues, tant qu'ils le pourront. Cela ne durera sans doute plus très longtemps maintenant. Nous ne devons pas brader la MG.

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  20. Bonjour,
    Voici un post très intéressant!!!
    Encore une fois le problème semble venir des technocrates et bureaucrates qui nous gouvernent... c'est pas faux.
    Effectivement réévaluer les rôles et les compétences du médecin généraliste seraient une très bonne chose (ainsi que celui du pharmacien d'officine, là je prêche pour ma paroisse...).

    Mais, il y'a juste un petit "problème à régler avant" je pense, le mode de rémunération des médecins.
    Je m'explique, si les médecins généralistes font des échographies et quelles sont remboursées par la sécurité sociale ne risque t'on pas de voir une explosion des actes non justifiée?
    Certes il y'aura d'un coté des médecins comme vous qui feront l'examen uniquement quand cela se justifie mais il y'aura d'autre qui le feront comme "complément de rémunération..."
    Tant que le médecin sera aussi mal payé et payé exclusivement à l'acte, je suis pas sur que cela soit une bonne idée...
    Autre écueil, l'écueil juridique. Quand on voit la judiciarisation croissante de notre société et le fait que les gens n'acceptent de moins en moins voir plus du tout le risque, Quid en cas d'erreur? Quid du cout de la police d'assurance?

    Maintenant c'est sur que tous les cas, les "débiles" qui nous gouvernent doivent arrêter de prendre le généraliste pour un "nul".
    Un bon système de santé repose avant tous selon moi sur des médecins généralistes compétent et bien formé, capable d'avoir une vision large, et de gérer si besoin avec les spécialises les problèmes de santé de son patient.


    Cordialement,

    Boris Cohen

    ps: Concernant les actes, je prend le cas hyperfréquent sur Paris ou un patient envoyé par son médecin va faire une radio et le radiologue l'incite fortement à faire en complément un scanner...

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