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lundi 18 mars 2013

TROP PLEIN


Mi Février.
Depuis mon retour d'Asie, j'ai été happé par le rythme trépidant de la saison hivernale.
Beaucoup de neige, cette année. Les routes sont dangereuses. Plusieurs des habitués du centre médical en ont fait les frais. Tonneaux, glissades, collisions... quelques fractures, trauma crâniens .. Heureusement, au final, plus de casse matérielle que de casse humaine.
Pas le temps ni l'humeur de rédiger un billet.
Les week-end s’enchaînent comme l'an dernier. Jusque là, le mauvais temps, en provoquant la fermeture des routes, nous a mis à l'abris d'une trop grosse affluence.
Mais ce samedi matin,le beau temps enfin retrouvé coïncide avec le début des vacances scolaires. Il y aura sûrement plus de monde sur les pistes et dans les locations saisonnières, et notre centre médical est d'astreinte.

Un de nos associé, a arrêté de fait, sa participation aux astreintes de week end. Comment lui en vouloir, à 63 ans.
Mon deuxième associé a décidé de protéger un peu sa vie familiale en se faisant remplacer autant que possible, les week-ends. C'est légitime. D'ailleurs, nous avons trouvé quelques jeunes médecins, prêts à en découdre en remplaçant dans un centre médical de médecins de montagne.
Ce samedi, je commence donc mon WE d'astreinte avec Alexandra, une de nos dernières stagiaires, actuellement en 3ème année de médecine générale et en cours de DESC de médecine d'urgence.
C'est un médecin remarquable, compétent et consciencieux, doublé d'une jeune femme absolument charmante. Ce qui ne gâte rien.
Bien sûr, c'est un de ces premiers remplacements, mais elle a exercé aux urgences et elle a travaillé 6 mois avec nous. Ce n'est donc pas une "oie blanche" de la médecine de montagne.

Le samedi matin est habituellement occupé par les sempiternelles rhinopharyngites des enfants du bled.
Vers midi on commence à voir arriver les vacanciers : " Il tousse depuis 3 jours, mais comme on a vu votre cabinet ouvert en arrivant à la location, on en profite avant le week-end..."
Déjà les premiers traumatisme du ski déboulent. Normal, il est 12h15. C'est l'heure habituelle des ambulances.
Midi et quart, l'heure du brancard !
Pas grave, on mangera plus tard !
En plus des "caca mous" de dernière minute, il y a maintenant deux blessés dans le centre médical : Un enfant qui présente un poignet  fracturé avec une belle déformation en dos de fourchette et une jeune femme sur la table de radio, le genou dans une attelle.
Je ferme la porte du cabinet afin que l'on puisse se concentrer sur les blessés, mais en dépit du panneau "FERME" et du store abaissé, les familles continuent d'entrer en salle d'attente. "On a vu que vous y étiez encore, alors on en profite. J'ai les trois enfants qui toussent...alors à y être..."
On aurait bien besoin d'aide pour réguler ces abus, mais il y a maintenant plusieurs années que nous ne demandons plus aux secrétaires de venir les samedis et les dimanches. Politique de réduction des coûts. Nous sommes seuls, Alexandra et moi-même, et la salle d'attente enfle dangereusement, une famille pénétrant ou sortant du centre signalant la porte ouverte à d'autres enrhumés.
Et déjà le SAMU nous "facilite" la tache en nous envoyant moult bêtises :
- " Bonjour c'est le SAMU. C'est bien vous qui êtes d'astreinte ?"
- " Ben oui. Vu qu'on est sur la liste ! "
- " On vous envoie un enfant qui a 38° de fièvre depuis 2 jours..."
- " Ça ne peut pas attendre ? c'est pas le moment là..."
- " Non, c'est le médecin régulateur qui veut ! Euh, il est où votre centre médical ? "
- " Même endroit que d'habitude depuis 5 ans : 12 rue des marmottes. Près de la pizzeria..."
C'est le moment que choisit le fils de M. D., un de mes patients habituels pour appeler le cabinet :  "Mon père a du mal à respirer. Il dit qu'il s'étouffe. Pouvez-vous venir de suite ?"
J'aime beaucoup la famille D. et l'appel est on ne peut plus légitime. Mais là, je ne peux pas. Je suis tout simplement incapable de quitter le foutoir qu'est devenu le centre médical en laissant Alexandra gérer seule le gamin qui hurle en salle d'urgence, la jeune femme sur la table de radio, la troisième ambulance qui vient d'arriver sur le parking et dont je vois le gyrophare à travers le verre dépoli de ma fenêtre, et la salle d'attente pleine de gamins turbulents.
D'ailleurs, il a un médecin du SAMU basé à quelques kilomètres à peine. Une détresse respiratoire, c'est pour le SAMU, non ?
Le fils en question est un garçon intelligent et débrouillard. Je lui demande de composer le 15 et de me tenir au courant s'il a des difficultés. M. D n'habite qu'à quelques kilomètres lui aussi. J'arriverai peut être à quitter le cabinet un peu plus tard.

14 h. Je radiographie le genou, calme la douleur du marmot, immobilise son poignet, puis brancarde la patiente du genou en salle d'urgence, porte le gamin en salle de radio effectue mes radios du poignet, lance le développement, change les bains de la développeuse, puis écluse un catarrheux et deux diarrhéiques, reviens chercher les radio du genou et du poignet... et 15 minutes plus tard M. D. franchit la porte du cabinet en respirant comme une carpe, soutenu par son fils et sa belle fille.
Le fils m'explique qu'il a appelé le SAMU et est resté en ligne plus de 7 minutes sans réussir à obtenir un permanencier. "On a l'annonce d'accueil et la musique, et puis ça sonne sans s'arrêter... Au bout de 7 minutes j'ai décidé de vous l'amener directement."
M. D. peine à respirer. Ça pourrait bien être un bronchospasme. Seulement voilà, M. D est insuffisant cardiaque et polyvasculaire. Alors ça peut être aussi bien un oedème pulmonaire, une embolie pulmonaire ou un infarctus...
Je l'installe dans mon bureau. Oxygène : 9 l/min. ECG normal. Examen clinique. Pas de sibillances mais un temps expiratoire mal entendu. SpO2 : 94% Pas de péril imminent. Pas de signe d'insuffisance cardiaque. Probablement un bronchospasme ! D'ailleurs son fils me dit qu'il a eut un incendie à la cave de sa maison la veille, et qu'il a respiré de la fumée.
Je branche un aérosol de broncho dilatateur qui semble rapidement efficace. Ouf.
J'injecte rapidement un Solumédrol IV et un Bricanyl sous cutané.
Alexandra reste avec moi. Elle est efficace. c'est agréable de ne pas être seul, de pouvoir partager nos avis sur la détresse du patient.
Mais déjà on cogne à la porte du bureau. Une tête bonnetée apparait dans l'entrebaillement : "Il y a une dame qui saigne dans la salle d'attente ! il faudrait faire quelquechose..."
Alexandra quitte la pièce et prends en charge la patiente en question, qui, je l'apprendrai plus tard, a reçu un coup de poêle à frire sur la tête, de la part de son compagnon. Elle est alcoolisée et couverte de sang. Une vision digne des "walking dead" impressionnante pour les petits renifleurs de la salle d'attente, qui, pour le coup, ne mouftent plus.
Je poursuit mon chassé croisé entre mon bureau et la salle de radio.
Alexandra prends en charge la plaie du crâne. La femme ôte son béret détrempé de sang. Un énorme caillot tombe au sol dans un bruit mouillé, tandis qu'une artériole asperge le mur du cabinet...

16 h. Pas le temps de manger. Les blessés affluent maintenant par vagues. La loi des séries. Deux jeunes surfeurs avec des fractures du poignet, fort heureusement peu déplacées, que l'on pourra plâtrer ici. Deux entorses du genou chez des jeunes filles, dont une rupture du ligament croisé antérieur. Une plaie du mollet chez un skieur  (carre trop affuté), une plaie de la main chez un saisonnier de la restauration.
Et le SAMU qui poursuit son travail de sape en continuant de nous adresser les grippés et autre tousseurs ...
- "C'est bien vous qui êtes de garde ?" - "Toujours, oui !"
- " Il est où votre cabinet médical ? " - "Au même endroit qu'il y a deux heures !"
Un vacarme couvre le brouhaha de la salle d'attente. Des bruits de chaussures de ski dans l'entrée. Des éclats de voix. Un groupe de nos voisins transfrontaliers vient d'entrer dans le cabinet en parlant fort. Ils accompagnent les ambulanciers qui déposent sur la table de radio une de leurs amies qui semble souffrir du genou. La douleur doit être importante si j'en juge aux cries d’orffraie de la belle en combinaison de ski fuschia.
Perfusion. Morphine. Perfalgan. Radio face et profil. J'ai un doute. Les 3/4 mettront en évidence une magnifique fracture du plateau tibial. C'est là que les choses se compliquent. Par chance la jeune fille a une assurance qui rembourse les soins primaires en cas d'accident sur pistes. J'appelle l'assurance. Le médecin conseil d'astreinte est d'accord pour la transférer mais me laisse le "soin" de contacter moi-même une compagnie d'ambulance arguant de son éloignement et de sa méconnaissance de la géographie et des intervenants locaux. Dont acte! Mais les ambulanciers locaux sont déjà occupés. Et puis d'ailleurs, ils sont échaudés et ne veulent bien intervenir plus tard, pour la ramener au delà de la frontière, que s'ils disposent d'un ordre de mission de l'assurance. Ordre de mission que l'assurance assure ne pas avoir à fournir... et tout le monde se tourne vers moi, qui suis le seul intervenant ennuyé. Avec la patiente, tout de même.
Comme elle n'est pas française, le SAMU se défausse tranquillement mais essaie de me fourguer au passage une visite pour une mémé fiévreuse à 15 km.
- " Là ? maintenant ? NON ! "
- " Et au fait, c'est bien vous qui êtes de garde ? et il est où votre centre médical ? "
- " C'est marqué dans les pages jaunes ! "
La jolie pintade maintenant immobilisée et indolore, continue de gémir sur son sort, à gros sanglots, ce qui met les nerfs de tout le monde, en pelote. " Aie Aie Aie!!! qué desgracia !!!"

18 h. Mon sandwich, toujours intact, me fait des clins d'oeil sur le bord du bureau.
Un jeune infirmier déboule en ambulance avec une fracture de l'humérus. Le temps de lui poser une perfusion ,de lui passer un Perfalgan, de lui titrer la morphine et de passer un coup de fil. Il repart illico dans la même ambulance. Sans payer. Tant pis. dans l'urgence les blessés et les familles oublient souvent de régler...
Dans un désordre indescriptible, les blessés et les enrhumés continuent de se télescoper au centre médical.
J'ai vu 30 personnes depuis ce matin, dont une bonne moitié de traumato. J'ai fait 4 ou 5 manchettes platrées, et posé deux sangles claviculaires.
Alexandra se débat avec ses patients. Elle assure. Pas hyper rapide, mais fiable et efficace. De temps en temps, on échange sur une radio ou sur la meilleure attitude thérapeutique devant cette luxation acromio-claviculaire sévère ou devant cette cheville douloureuse mais non fracturée.
Il n'y a plus d'ambulances disponible sur le canton.
Les blessés à transférer en milieu hospitaliers attendent en salle d'urgence. certains partent vers l’hôpital en voiture particulière avec le poignet en kit.

20 h. Cela fait 4 heures que la Castafiore nous "régale" de ses jérémiades ibériques désespérées. Même ses potes commencent à craquer. Je n'ai plus d'empathie. Il me vient une grosse envie de lui coller une paire de claques. Je doute que ça l'insonorise, mais ça me ferait peut-être du bien...
Les rhino continuent d'affluer : "Mon bébé tousse depuis cet après midi et je voulais être rassurée"
C'est incroyable comme les gens ont besoins d'être rassurés. Est-ce moi qui suis en train de craquer ou ce besoin forcené d'être rassuré pour pas grand chose est symptomatique d'un malaise de notre société ?
Au moins, il n'y a plus d'accident de ski dans les nouveaux consultants.
Le SAMU continue de nous faire chier d'appeler : - " C'est bien vous qui êtes de garde ? On vous envoie une ado qui a fait un malaise. Une sorte de crise de spasmophilie... Euh, il est où votre centre médical ? "
- "Va te faire f... !"

21 h. J'ai remis mon sandwich au frigo. De toutes manières je n'ai plus faim.
La spasmophile de service vient de rentrer chez elle.
Je prends la serpillière et commence à nettoyer le centre médical. Geneviève, la femme de ménage ne passera pas ce samedi soir et nous sommes de garde cette nuit et encore demain, jusqu'à lundi. Le sol est trempé et couvert de la boue. Une fois le sol correct je m'attaque aux murs aspergés de sang. Les restes de "poêle à frire".

22h. Les derniers patients sont partis. Je m'attaque à la comptabilité et à la télétransmission.
Alexandra prendra cette nuit d'astreinte tandis que je prendrai dimanche soir. Elle ne sera plus appelée cette nuit.

Dimanche 9 h : Je rejoint le centre médical. Il vaut mieux ne pas attendre les appels.
Lorsque j'arrive, Alexandra a déjà commencé les consultations. Des rhino et autres syndromes grippaux adressés par le SAMU. Certains ont été envoyés au village lui même à 5 km et non pas à la station de ski. Ils ont cherché et demandé leur chemin avant d'être renvoyés en haut par les habitants.

11h. Les premiers trauma du ski déboulent. Poignets cassés et entorses du genou. As usual.
Enfin non, pas vraiment comme d'habitude. En général ça commence à midi. Là, c'est encore plus tôt.
Ce n'est pas encore aujourd'hui qu'on va avoir le temps de manger.

13 h. La 4ème ambulance de la journée amène une jeune fille qui a rencontré un sapin sur son chemin. Les pisteurs ont eu toutes les peines à l'allonger dans le matelas coquille.
De toute évidence ses blessures doivent être sérieuses et elle n'a, à mon avis, rien à faire dans ce centre médical. La régulation aurait du l'envoyer directement dans un centre hospitalier, mais la régulation...
Puisqu'elle est là on va au moins faire un premier bilan et tenter de la calmer.
Elle tient un sac en plastique rempli de neige sur sa joue gauche et saigne de la bouche. Elle souffre en silence. Son genou est déjà extrèmement gonflé et visiblement très douloureux.
Il sera plus facile de soulager sa douleur avec une perfusion. Dont acte. Perfalgan - Morphine. Ca va mieux. On décoquille prudemment. Pas de douleur du rachis. On enlève ses chaussures de ski. Son genou est visiblement disloqué. Une entorse très sévère, de toute évidence. peut être une luxation du genou.
Les radio ne montrent pas de fracture. C'est déjà ça. Le bilan ligamentaire sera fait à l’hôpital  Il sera sûrement lourd...
J'examine sa bouche. A la manière "rigolote" qu'ont ses dents de jouer à "saute mouton", je comprends que sa mandibule est fracturée. Fracture ouverte donc. Antibiotiques.
On commence à organiser le transfert en milieu hospitalier. Compliqué là aussi car elle n'est pas française et son père réclame légitimement une ambulance pour un grand hôpital au delà de la frontière.
Et le cirque de la veille recommence.
Le SAMU téléphone régulièrement : -"C'est bien vous qui êtes de garde ?, On vous envoie un bébé pour de la fièvre et une dame qui tousse. Et euh... il est où votre centre médical ? ..."
Ouai... c'est juste le bon moment.

16h . La salle d'attente est pleine. La salle d'urgence aussi. La salle de radio est occupée également par un traumatisme du "coté" qui se révèle en fait être une violente douleur dorsale. Les trauma du rachis n'ont rien à faire dans un cabinet de médecine de montagne. On le répète à l'envie depuis des années. C'est une perte de chance pour eux. Seulement voilà, ça arrange tout le monde de les "gerber" rapidement dans nos centres médicaux. On attends donc une ambulance pour l'amener à la DZ. Mais il n'y a plus d'ambulances sur le secteur et d'ailleurs les hélico ne sont pas disponibles de suite.
De plus, le SAMU refuse de mobiliser les pompiers, pour ne pas dégarnir le secteur... C'est un choix..
Entre les sutures, les résines et les radio nous n'avons plus le temps de répondre au téléphone qui n'arrête pas de sonner.
Alexandra se démène. Petit à petit on écluse les patients. De temps en temps je mange un morceau de pain avec du fromage en continuant à travailler.
Je suis plutôt résistant, mais là j'en ai marre. J'ai juste envie d'être très loin, dans un endroit tranquille.
Le trop-plein arrive.

18h30. Je pensais que les pistes étaient enfin fermées, mais je vois avec une réelle angoisse arriver la énième  ambulance de la journée qui décharge un gamin de 12 ans qui présente une évidente fracture de l'avant bras. Encore une collision avec un sapin. Qu'est-ce qu'ils ont cette année avec les sapins ?
Je n'en peux plus de ramer. C'est le patient de trop. En plus il est agité et opposant. Ça m'énerve.
Le SAMU appelle à ce moment pour essayer de nous refiler une visite pour un nourrisson diarrhéique.
"Ça fait deux heures qu'on essaie de vous joindre. Vous ne répondez pas aux appels ! Je vous rappelle que vous êtes d'astreinte !"
Tout en essayant de rester un minimum correct je pense en moi-même : "Connard va ! Ah bon, tient. Ça y est ! Tu es enfin au courant que nous sommes d'astreinte ! mais visiblement tu ne comprends rien à ce qu'on essaie de faire ici !"
Pas le temps d'expliquer une fois encore. De toutes manières, avec la multitude des intervenants et l'absence visible de toute communication interne, ils n'entendent jamais rien !
Je ravale péniblement ma colère et m'occupe du gosse. Il se plaint de son poignet. De toutes manières je ne peux rien faire ici. Sauf calmer la douleur. 50 kg environ. Allez : 3 mg de morphine sous cutanée. Il se calme en quelques minutes, puis finit par somnoler. Le contrecoups.
Il présente également une éraflure de la joue et une petite plaie de la lèvre. Je suture mécaniquement sous anesthésie locale en ruminant de sombres pensées.
19 h . Je m'occupe du transfert maintenant. Pas d'ambulance avant au moins 2 h. Il fait nuit, donc il n'y aura plus d'hélico non plus. Et j'ai encore une visite à faire plus tard.
J'ai envie de tout envoyer péter!
La mère du gamin me parle, mais malgré mes efforts je n'entends plus rien. Je perçois sa voix à travers un brouillard, sans comprendre ses paroles. Trop c'est trop ! Qu'ils s'en aillent !
Pas d'ambulance ? Après tout il n'y a pas de péril imminent pour une fracture du poignet et, même sous morphine le gamin est vigile. Sa saturation est à 96 %, normale. Ils partiront donc en voiture individuelle vers l’hôpital qui leur convient, à 2 h de route. Pas parfait comme solution. Mais je n'en n'ai pas d'autre.

20 h. Les derniers enrhumés viennent de partir. Ils voulaient être rassurés ! C'est fait.
Alexandra est rentrée chez elle. C'est moi qui prends l'astreinte ce soir. Mais avant de partir faire ma dernière visite, je passe la serpillière une dernière fois et range un peu le bazar. Je ne peux pas décemment laisser un tel bordel à notre secrétaire même si je sais qu'elle va de son propre chef venir plus tôt demain pour faire le ménage du cabinet.

21h30. Je rentre enfin à la maison. La route est blanche. J'espère ne pas ressortir ce soir.
Je n'ai pas faim. Plutôt la nausée. Epuisé ! je ne crois pas avoir jamais été comme ça.
Les saisons nous permettent de tenir le reste de l'année dans cette zone de montagne. C'est à ce prix que je peux encore vivre ici. Mais ce soir l'évidence m’apparaît : C'est trop cher payé !

23h30. Pas sommeil. Je suis toujours énervé. moi qui gère plutôt bien le stress habituellement..
Je vais au lit tout de même en retournant dans ma tête les décisions qui vont s'imposer prochainement.

23h50. Le téléphone sonne. Je sursaute. Un numéro inconnu. Une voix de femme. Jeune.
-" Bonsoir c'est l'interne de pédiatrie du CHU où vous avez envoyé l'enfant X... Y...."
Le dernier gamin. Celui avec la fracture du poignet et la plaie de la lèvre.
Les gens du CHU n'appellent jamais. Sauf quand ils veulent briller ou se moquer. Je sens que je vais en prendre plein la g...
-"Je voulais savoir combien de morphine vous lui avez injecté. "
- "3 mg en sous cutané. "
C'est consigné sur le compte rendu que j'ai donné aux parents. Elle ne l'a pas lu, ou alors les parents l'ont perdu, ou alors il y a autre chose...
- "Et puis je voulais aussi savoir si ça vous arrive souvent d'envoyer des fractures de Lefort 2 en voiture particulière ? "
Oups. Voilà. Le SCUD est largué.
Pour les non médecins, une fracture de Lefort, c'est une fracture du massif facial, potentiellement grave.
Je sens toute son arrogance de spécialiste hospitalière face au généraliste qui, nécessairement, fait n'importe quoi, puisqu'il est généraliste. Rural qui plus est, le généraliste ! Et libéral encore ! Ouh ! le vilain !
Elle a décidé de "se le payer" à minuit, cette gourde, depuis l'abris des murs de son Hopital/château, avec ses chirurgiens, ses infirmières, ses brancardiers, ses manipulateurs radio, ses agents de sécurité et ses secrétaires.
Depuis le confort du chemin de ronde, la petite princesse moque le manant qui gratte la terre à l'extérieur des douves, et lui jette quelques détritus. - "Tient, prends ça ! gueux !"

Mais elle a un peu raison, cette petite conne. Ce soir j'ai été dangereux.
En temps normal j'aurais compris que l'agitation de ce gamin faisait partie d'un tableau de commotion cérébrale, même si le trauma crânien ne m'avait pas été annoncé (pour mieux me "vendre" ce blessé qui aurait du aller directement à la case "Hôpital"). J'aurais pris au sérieux cette éraflure du visage et cette plaie de la lèvre. Fort heureusement, il n'y aura pas de conséquences pour cet enfant.
Mais je sais que je n'étais plus en état de travailler ce soir. Potentiellement c'est grave.
L'an dernier Je m'inquiétais d'être à la limite de mes capacités. Cette année, j'ai dépassé la ligne rouge.

Trop c'est trop. On ne peux plus faire ce qu'on fait avec des moyens chaque année plus limités.
Moi, en tous cas, je suis au delà du possible.

Bien sûr, cette nuit là je n'ai pas beaucoup dormi. De ses erreurs il faut savoir tirer des leçons.

Pour moi, c'est clair. Quoiqu'il arrive, je ne ferai pas la prochaine saison de traumatologie du ski.
Le SAMU sera content. J'aurais tout le temps de m'occuper des rhino et des gastro entérites !

59 commentaires:

  1. Je suis essoufflée à vous lire. J'admire votre courage, et personne ne peut vous tenir rigueur de ne plus en pouvoir.

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  2. ouahaou ! Je ne peux qu'admirer la façon que vous avez de jongler avec tous ces cas !
    En tant que médecin hospitalier et pour avoir déjà bosser aux Urgences Pédiatriques, je devine très bien vos 48 heures qui se sont déroulées ! Seulement voilà, mois j'ai une équipe avec moi, vous vous faites ça seul (enfin presque, merci Alexandra): Respect le plus total !!

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  3. Je t'ai lu en réprimant avec peine ma colère. J'en ai eu aussi des appels fielleux de planqués, genre "et les patients, ça vous arrive de les examiner?". Aujourd'hui je serais incapable de faire ce que tu fais, et je pense d'ailleurs que personne n'en serait capable, pas même toi. Plutôt que de déneiger ta pierre tombale, ta famille a probablement envie de passer le week-end avec toi, les années à venir. Ne te laisse pas imposer l'insupportable. ils ont voulu le désert? ils l'auront.

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    1. Hèlàs oui, vous avez raison sur tous les points. en lisant cette note, je me suis demandé si je ne suis pas dan sun épisode de la série "urgence" - franchement pauvre Genoudesalpages.
      quand au Samu et l'hopital, je trouve un peu fcaile cette manière de "refiler" les gens à un cabinet d'astreinte - probablement pour soulager les urgences de l'hopital on lui amène tous ce monde?!

      Bonne soirée

      PS hurle-t-on vraiment par douleur pour une fracture du plateau tibial? J'en ai eu une, j'ai eu mal en tentant de bouger le genou mais point pour en crier (seulement une prise de bec avec l'interne de service - une jeune demoiselle!).

      PS2 ici, en Saare, le mois dernier 5 cabinet de médecin géneraliste ont fermés sans successeurs! Il y a assez d'étudiants mais qui préferent soit le domaine de la recherche, soit vont à l'étranger pour gagner plus. Bizarre systhème différent (allemagne et France) et pourtant le même discours médical. Je me demande pourquoi?!

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  4. Je comprends toute ta colère , ton stress, ta rage ... Repose toi, tu as vécu l'enfer, tu le mérites .

    Je t'embrasse
    Docfrommars

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  5. Rien qu'en te lisant je suis essoufflée. Et triste. Et en colère, contre le samu, contre la princesse, contre les patients qui veulent juste "être rassurés". Je comprends mieux pourquoi certains arrêtent, ou déménagent. C'est pas possible de travailler dans ces conditions :-(

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  6. Le moins que l'on puisse dire c'est que ça donne pas envie d'aller faire du ski :)
    Sinon un Lefort c'est facile à louper:
    Un jour un patient en fin de consultation m'a demandé "c'est normal que quand je serre les dents ça ne corresponde plus?" Sans cette phrase on passait à coté... trop occupé à savoir comment sauver son incisive centrale!
    Sinon en lisant ce billet j'ai beaucoup pensé à ceux de Sophie Sage Femme au pays des rêves...

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  7. Je vous envoie du courage pour terminer cette saison, et comment ne pas vous comprendre, comment ne pas baisser les bras, ce sentiment d'être seul contre tous... Je sais que je ne suis pas motivante mais le burn-out c'est pas joli alors un peu de recul ne peut pas faire de mal. Chaque chose en son temps mais du repos après tout ça oui je vous en souhaite beaucoup.

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  8. Travailler sur la corde raide, à long terme, personne ne peut le faire.
    Et oui, il faut penser à sa famille, le 15 ne le fera pas pour toi.
    Et la couille, exposé comme tu racontes l'être, elle sera pour toi, pas pour la princesse.
    La suite s'impose d'elle-même.
    Cette médecine que tu vis est déjà morte.
    Courage, fuis. Tout vaut mieux que ça.

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  9. suis le conseil de Christian Lehmann : sauve toi sauve ta peau et ta famille c'est pas humain ton truc
    de plus au retour d'Asie où tu n'as sans doute pas eu droit à tant de consultations en fausse urgence
    tout ça met en lumière le mépris qui entoure aujourd'hui le MG rural
    les rhinites qui s'invitent , le serveur vocal de 7 mn qd on apelle le 15 pour une urgence vitale, la régul qui n'est au courant de rien sauf pour te pourrir et la princesse finale cerise sur le gateau qui est peut être la seule que tu ne peux pas baffer(bien que ce soit tentant/ mieux vaudrait lui expliquer mais personne n'a le temps) et je ne parle même pas de la valeur des actes ...

    donc trouve autre chose ici ou en Asie
    repose toi
    parce que si par malheur tu bascules ils pleureront un peu sur toi mais très vite ils pleureront sur le couplet égoiste : et qui c'est qui va me/nous soigner /rassurer car dis toi bien qu'à part qq uns tous ne pensent qu'à leur pomme
    marrant pendant que tu rédigeais ce post la mutualité française "faisait dans le dialogue" (c'est bien connu les médecins n'ont que ça à faire discuter sur twitter des bienfaits des centres mutualistes)
    dur dur ton retour en occident...

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    1. Zigmund,

      pas vrai, je pense que mon médecin mérite bien ses congés et qu'il en devrait prendre un peu plus afin de pouvoir continuer à exercer longtemps. Je pense au bien-être de mes "soignants" - surtout que j'en ai en horreur d'en changer - et qu#ils ne vivent aussi qu'une fois, tout comme moi et entre leur cabinet, la suite de formation et voir leurs enfants grandir - et bien la vie file bien trop vite. Je trouve que celui qui me soigne devrait prendre un peu plus de vacances. La dernière fois, il avait l'air bien fatigué.

      Puis, je pense souvent à un MG qui soignait un court instant mon père, avant de mettre un terme à sa vie. Cela remonte à presque 2 décennies et pourtant, je repense À ce médecin si gentil - proablement bien trop pour ce monde et surtout pour cette profession qui souvent était encore vers 21h au cabinet avec des patients qui râlent pour des pas grand chose, exigenat des visites à domiciles immédiates. J#étais toujours un peu écoeuré en les entendant. Quand, moi je me plains au moins mon médecin s'est que la cause existe, en soigant mon père j'ai appris l'attente et en allant chez un médecin soit on a le temps d'attendre, soit on ne l'a pas mais alors est-on alors malade ou a-t-on le temps de se soigner afin de guerir?!

      Bonne soirée et courage à vous également dans votre spécialisation

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  10. Magnifique billet .

    Ce qui m'a le plus frappé c'est le "mépris" du 15

    Ce qui est le plus frappant c'est ce qui est écrit entre les lignes : les autorités, les décideurs, le système qui non content de ne rien faire pour améliorer les choses, ils en rajoutent.

    Chacun de nous n'a qu'une vie .
    Il faut savoir la préserver sans rien n'attendre des "autres".

    Prends soin de toi

    Amitiés sincères

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  11. Incroyable ce billet, je l'ai lu tel un roman... Quelle passion, et quelle patience ! Bravo...

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  12. Borée et toi, d'un coup ça fait beaucoup... C'est rageant parce que c'est le dessus du panier qui décroche et qu'il est loin d'être certain que ça va être compris par les acronymes anonymes qui veulent nous diriger.
    Mais tu as raison, ce n'est plus raisonnable ni pour toi ni pour ta famille ni, comme tu le crains, peut-être pour certains patients à venir.
    Je ne doute pas que tu vas rebondir et je te souhaite le meilleur.
    Comme pour Borée il me plairait de continuer à te lire de temps en temps. On ne se ressemble pas, mais j'aime à penser que quelque chose nous rassemble et nous aide.

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  13. Eh bien...
    Je serais mal venu de pleurer car un rythme pareil, je n'ai jamais connu.

    Reste en effet la fuite salvatrice.

    Toute mon admiration et mes encouragements.

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  14. je ne pense seieusement pas que se soit le samu qui soit le plus blamable dans cette histoire... je pense vraiment qu'il y a une grande histoire d'éducation a faire de la part de tous (pas de 15 pour avis rhino etc....) et aussi meilleure coopéation avec les acteurs de la chaine de l'astreinte/permanance.... je pense qu'il y a vraient beaucoup de choses a revoir dans l'organisation de la PDS avec Mg et SAMU et état et que des moyens plus conséquent soient accordés

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    1. A anonyme

      Pour vous le SAMU qui dérange un médecin qui traite des accidents graves pour voir des rhino-pharyngites , n'est pas blâmable . Vous avez une drôle de façon de concevoir la régulation .

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    2. pour répondre a Marc,

      Surement redéfinir les missions de chacuns (SAMU, MG, Hospitaliers). Quand on prends une garde/asteinte il faut être conscient que l'on a de forte chance de se retrouver face a des boites de chocolats et ainsi mette une cetaine organisation en place pour y faire face.

      Blamable ou pas ca n'empèche pas la communication entre eux préalable pour être mieux a même de savoi' qui fait quoi avec quels moyens etc....

      ceci dit je dis quand même chapeau et toute mon admiration face a cette ipuissance devant laquelle s'est retrouvé genousdesalpages et par rapport a tous ce qu'il fait en général

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    3. suite et fin pardon de me répéter mais il est beaucoup question d'éducation concenant les appels au smur

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    4. Tout appel en provenance du samu devrait commencer par :

      "Bonjour, Bonsoir Docteur/ je suis désolé de vous déranger/ Est ce que je peux vous envoyer un patient/ le régulateur s'est entretenu avec lui et il présente: etc etc"

      Par chez moi ça commence par le standard " c'est le samu, on a besoin de vos services ..." il n'y a jamais du "merci Docteur ... " mais toujours un " ... m'sieur" qui se glisse dans la conversation. Je commence à croire que ce n'est pas innocent !

      Salutatous

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  15. Toute mon admiration. Bravo.

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  16. Un billet très intéressant et utile
    -la souffrance des patients qui mériteraient d 'avoir plus de soignants pour les gérer
    -la gestion de la bobologie qui mérite des soins malgré tout,
    -la régulation probablement overbookée si on en crois les délais de réponses exceptionnels
    -l’épuisement des médecins de terrain qui luttent, trop seuls
    -le stress probable de l'urgentiste hospitalier qui réceptionne les différents pathologies triées dans l 'urgence

    Un vrai problème de société une fois de plus mis en avant, le manque de médecins, la désertification qui gagne, le burn out de tout une profession, et les malades qui en pâtissent aussi directement. Patients et soignants (dont les médecins de terrain, hospitalier et de régulation) en sont les victimes directes.
    Reposez vous ! et merci pour ce coup de G bien utile pour faire avancer la société...

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    1. Cre que je pense aussi: nous tous, les professionnels de la médecine/santé et les patients sont les perdant - d'autant plus qu'entre eux la discorde et l'incompréhension s'installe. J'avoue parfois, en tant que patiente, être prise pour l'oie qui pond de l'or (système allemand avec sa médecine à deux classes le dernier truc: reveillé avec une oreille douloureuse et bouchée, aller consulter mon MG allemand qui m'envoya chez le ORL et m'a facturer 138 euro. La prochaine fois, je n'irais plus voir un médecin de suite et attendra. Ou dernier truc, douleur atroce ophtalmologique genre 8/10, je demande un antid-douleur à mon ophtalmogue qui me renvoit aller consulter mon MG qui ne connait rien dans le domaine Ophtalmologique comme il le dit lui-même. Je me sens comme un ballon de foot et un RV chez un autre Ophtal en avril, encore heureux qu'il n'y a pas cette penurie médicale chronique comme en France). Mais parfois, j'avoue comprendre les gens qui vont vers les guérisseurs, marabouts et Co - au moins on a l'impression d'être pris au sérieux. C'est triste pour le 21e siècle, non?

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  17. Bonjour,

    Comme d'autres, je suis essoufflée rien qu'à vous lire...
    Je suis (un peu) soignante, mais aussi patiente... Je voulais juste vous dire que le 15 de chez vous me fait un peu peur...
    Pour l'avoir expérimenté sur notre ville de Q, les réponses m'ont semblées adaptées, infiniment plus que ce que je viens de lire. Deux cas de trauma sérieux, le premier "ambulance civile", le deuxième "pompiers", et deux-trois appels en soirée/WE un peu panique pour lesquels j'ai eu au bout du fil un médecin rassurant, parfois un peu brusque, me remettre les pendules à l'heure, me donner des conseils de bon sens et me dire de prendre rdv lundi matin chez le toubib... et une fois "venez aux urgences" sur des douleurs violentes chez un petit. Bref, une seule fois j'ai été adressée vers le médecin de garde, à juste titre je pense.
    Quoi qu'il en soit je vous admire infiniment pour cette gestion du temps impossible, et je hurle de frustration devant l'écran d'imaginer que cela puisse se passer ainsi. (dans l'absolu, quand je vois l'affluence en traumato durant la saison de ski, je pense qu'il n'est pas normal d'être de garde pour la médecine générale ET la traumato en même temps....c'est du délire)
    Courage !

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    1. Les régul' , c'est un peu au petit bonheur la chance de tomber sur quelqu'un de compétent et professionnel.
      Si les bons mots-clés ne sont pas donnés dans leur petite liste mentale, aucune chance de faire venir un SAMU dans la région où j'étais avant, ma région natale.

      Ils se réveillaient un peu quand on annonçait "collision vélo/trottoir avec Glasgow à 5", ou "hémorragie sous AVK", mais sinon c'était plutôt le genre "on n'a pas qu'ça à faire Monsieur/Madame, on est des gens sérieux et importants 'comprenez, le généraliste est là (sous-entendu comme voiture-balai de la médecine)".

      Si des médecins ahurissants d'humanité (ou d'inconscience, je ne sais encore que choisir pour vous après ce texte si dur) n'étaient pas là, il y aurait de gros dégâts. Et peut-être que les gens arrêteraient enfin de chouiner pour des rhinites allergiques au printemps, par exemple.

      Pensez à vous, estimé maître des lieux. Comme Christian Lehmann ainsi que d'autres le disent, vous ne méritez pas ça.

      Ce grand n'importe quoi est l'oeuvre d'imbéciles finis. Personne ne devrait en faire les frais, ni les patients, ni les soignants.

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  18. Là aprés tout ton engagement et cette fracture potentiellement grave, si tu avais eu un procés au cul avec les parents "gnagnagna ..." et les assurances "gnagnagna..." et l'enquête de gendarmerie "gnagnagna..." etc crois tu que beaucoup serait venu te protéger et te défendre,

    En libéral avec de telles conditions de travail, rien qu'une plainte et même sans aucun fondement raisonnable ou toute les raisons du monde, tout peut s'effondrer en un jour car le psychisme est à bout. C'est le fruit de l'extraordinaire productivité de la medecine libérale que toute la terre nous envie.

    Je t'admire bien sur, mais te considére comme un peu barjot de pratiquer dans de telles conditions. Es tu seulement bien rétribué pour ton engagement aux services des autres ... j'en doute trés trés fort.

    Cordialement

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  19. Eberluée de voir les conditions dans lesquelles vous travaillez! Bon courage pour la fin de la saison.

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  20. Ce n'était pas une erreur! c'est " on fait ce qu'on peut"; proposez à votre gourde faire un stage chez vous!

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  21. Et c'est immensément bien écrit.
    Oser dire non. Oser dire non. Individuellement et collectivement.

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  22. c'est la cata.
    Et c'est pas Marisol qui va nous sortir de ce merdier.
    A mon petit niveau; 47 demandes de bilan depuis le début de l'année
    et 0 places dans mon agenda...

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  23. bonjour,
    je suis secrétaire d'un médecin généraliste et je vois sans cesse ces excès passer mais que fait donc l'ordre des médecins pour lancer des campagnes d'information aux patients : les rhumes ne nécessitent pas de visites automatiques, un peu de bon sens et désengorgez les salle d'attentes, les urgences etc ....J'ai envie d'afficher ces 2 jours infernaux dans la salla d'attente mais ce serait "culpabiliser" ces pauvres patients qui n'ont aucune honte à "charger" leurs médecins ou à les déclarer "biens dévoués" pour pouvoir encore mieux les presser comme des citrons : vraiment je suis en colère +++ et pourtant j'aime les gens !!!

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    1. c'est par ce que vous les aimez trop que vous êtes en colère. Faut essayer de les aimer moins et la colère diminue. On voit bien que tout ça ne dépend pas de nous: seul le "dire non" de Bezolles dépend de nous. Ca va en frustrer beaucoup et so what ?
      t lambert

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  24. ouf , palpitant ce billet. C'est sûr ce mode d'exercice devient trop dangereux pour le docteur et accessoirement pour les patients. Trop difficle ou impossible de dire non . Une seule solution: se barrer pour rester en vie. Bon courage car il faut prendre une décision qui n'est pas facile pour que ceci cesse.

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  25. J'étais passée à côté de ce billet. L'an dernier j'avais déjà peur pour toi. Là, comment te dire ça pour que tu comprennes... Casse-toi! Cassez-vous, toi et tes collègues! Ce n'est pas à un centre de médecine libérale de gérer des trucs pareils. Tu fais ce qu'un mini centre hospitalier devrait faire : avec quelqu'un pour accueillir et réguler à l'entrée, des possibilités de cotation financière qui ne sont pas les tiennes, des infirmières pour aider et ne pas être seul sur tout ça.
    Et puis il y a l'erreur. Qui peut toujours arriver, mais qui arrive plutôt quand on est épuisé. Et sur laquelle personne ne te soutiendra. Car on te dira que tu aurais du refuser de travailler dans ces conditions (déjà entendu...). Et tu te la reprocheras. Quand à l'autre connasse planquée, il sont partout, rassure-toi. Ils ne savent pas ce que c'est.

    Prend soin de toi, vraiment. Va-t-en. Je ne sais pas si tu trouveras une autre façon d'exercer que tu aimeras autant que celle-là. Mais ne te laisse pas détruire, prends le temps pour ta famille, pour toi. Prends soin de toi.

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  26. Je découvre tardivement ton billet... Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt et de rage...
    Même si je suis loin de faire de la médecine de "campagne", je me suis un peu (beaucoup) reconnue dans ton billet. Ca m'a rappelé mes stages aux urgences pédiatriques à Robert Debré et aux urgences adutles à Argenteuil... (dans les 2 on faisait de la médecine et de la traumato). Même si parfois je n'avais pas le temps d'aller manger/faire pipi... ce sont 2 stages que j'ai adorés, mais parce que les conditions étaient-là aussi : travail en équipe, plateau technique, IDE, aide-soignants, secrétaires, cadres, médecins, externes, internes... Je ne pourrais pas le faire toute seule, "isolée" (car on a vraiment l'impression que le SAMU/la régul se fout de la gueule des MG)...
    Je viens de passer moi-même une période difficile, j'ai songé à déplaquer. Et pourtant j'exerce en ville, avec 2 CHU à proximité ! Mais dans les villes aussi il y a de moins en moins de médecins (je crois que les gens n'ont pas encore compris) et (j'ai l'impression) de plus en plus de patients (l'allongement de l'espérance de vie y est peut-être pour quelque chose)... Mon associée m'a quittée (après un an seulement d'installation) et je dois me débrouiller toute seule avec mes remplaçant(e)s. Je ne me suis pas installée en libéral pour travailler toute seule. Etant jeune maman, je voulais avoir du temps pour moi et pour ma famille (est-ce une faute?). Je ne veux pas me tourner vers la médecine salariée en centre médical (j'ai des copines qui y travaillent, et on les pousse à travailler de plus en plus vite : 15min de consultation c'est trop long maintenant, il faut pouvoir tout faire en 10min. J'en suis incapable, même en 15min (je fais des consults de 20min). En dehors des temps de consultation on a aussi des patients à rappeler, des familles à rassurer, des avis spé à demander, des hospitalisations à organiser, des papiers à remplir (dossiers MDPH, demande de 100%...) et j'en passe, en plus de tout l'administratif que l'exercice en libéral implique. C'est trop. Et la désertification médicale ne va pas aider. Ce qui ne veut pas dire qu'on doive se sacrifier. Je pense d'abord à moi, à mon bien-être avant de bien pouvoir soigner mes patients. Un médecin en dépression/burn out ne peut pas bien faire son travail. Il y a des solutions. Il faut trouver celle qui nous convient à chacun de nous.

    Plein de courage. Amitiés sincères.

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  27. Bonjour genou des alpages,
    Infirmière sapeur pompier en zone de montagne, qui ne prend plus en charge la traumato des pistes...
    Infirmière aussi dans un service d'urgence à mis chemin entre la montagne et le CH du département, service qui ne reçoit plus la traumato des pistes malgrès des chir ortho dispo 24/24...
    Dommage que je lise si tard ton billet, je serais volontiers venu t'aider pour la saison hivernale!

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  28. Bonsoir,

    Tout a été dit sur la compassion et la bienveillance que nous devons avoir à votre égard.
    Sinon, pour la société, quel coût toute cette traumato liée à la pratique du ski?

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  29. Vous avez réfléchi à vous mettre en secteur 3?
    Je ne suis pas sûr que le secteur 1 soit bien adapté à votre situation.
    Vous avez une population très ponctuelle qui vient donc par vague, alors que le secteur 1 est plus adapté à une population plus régulière.
    cela vous permettrait lors de ces grosses périodes d'assurer largmeent pour le reste de l'année, et aussi probablement d'attirer de nouveaux médecins au sein de votre association.

    J'ai remplacé dans lcertaines zones rurales, et en secteur 2, et c'est l'impression que j'ai eu.

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  30. En lisant votre article, je retrouve mes gardes estivales à l'Ile d'Yeu il y a 20 ans !
    Les sapins en moins...

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  31. donne de tes nouvelles
    j'espère que tu vas bien

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  32. Comme Zigmund, je viens voir régulièrement sur ton blog comment tu vas.
    J'espère aussi que tu vas bien, ou mieux.
    Donnes de tes nouvelles,
    Amicalement.

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  33. l'ile d'Yeu me manque merci de me rappeler se bon souvenir :'(

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