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mardi 27 novembre 2012

Je fais de l'humanitaire !

La disparition des astreintes de nuit profonde provoque une diminution brutale d'environ 10% de mon revenu libéral de l'an prochain, et met notre famille dans une grande précarité financière.
Ce blog a au moins un intérèt pour moi, c'est qu'il me met en relation avec d'autres médecins ruraux, qui se retrouvent déstabilisés par la disparition de ce paiement forfaitaire. C'est un problème dont personne ne parle, mais visiblement, je ne suis pas le seul !
Quoi qu'il en soit, il faut trouver d'autres sources de revenu, et fissa.
- Travailler plus longtemps ? difficile. Je ne prends déja que 3 à 4 semaines de vacances dans l'année et suis présent au cabinet de 9h a 19h30. L'hiver, ma semaine de travail se situe probablement autour de 70 h...
Non, difficilement envisageable !

- Voir plus de patients dans la journée ? Difficile d'augmenter l'activité en saison. On est au déjà au maximun! Hors saison, seulement 15 à 20 personnes par jour viennent me voir, mais il n'y a pas beaucoup plus de demande. Avec la crise, les touristes sont moins nombreux. Quant à la population locale, entre la lente dérive du tourisme et le naufrage du climatisme, elle a tendance à stagner, voire diminuer. J'ai bien pensé à "faire de la repasse", faire revenir les patients quand c'est inutile (ou faiblement utile) mais décidement, cela ne fait pas partie des choses que je sais faire. Probablement un reste d'honneteté dont je n'arrive pas à me défaire, ou plus simplement le sentiment d'échec procuré par "l'éternel retour des enrhumés".

- Faire des gardes ailleurs ? 20 WE travaillés dans l'année, des journées qui se terminent rarement avant 20 h., et pas de structure de soins à moins de 100 km rendent cette possibilité bien illusoire. Il y a bien un hopital qui devrait ouvrir à environ 30 km, mais cela fait plusieurs année que l'on en repousse l'ouverture...

Cela me pousse donc à accélérer nettement mes projets de reconversion.
J'ai donc relancé les contacts que j'avais déjà établis il y a quelques semaines et, après quelques entretiens téléphoniques, j'ai accepté de partir travailler en Asie, pendant un mois, fin 2012, pour une grande entreprise internationale. C'est donc sous les bananiers que je rédige ce post.
Ce voyage m'a tenu éloigné de ce petit déjeuner ministériel avec les autres #privésdedésert. Dommage. J'aurais vraiment aimé les rencontrer "in real life".
Quant aux discussions avec Mme Touraine, je n'en attendais rien. Je ne regrette donc pas de n'avoir pas pu y participer.
Et puis des croissants, il y en a également ici. (et du khaonom mokheng aussi, miam)
Et puis, tel que je me connais, malgré mes bonnes résolutions, j'aurais finis par perdre mon sang froid et ça ne se fait pas de perdre ses nerfs avec un ministre.

Bref, cette mission va nous apporter un petit ballon d’oxygène financier et elle va surtout nous ouvrir des opportunités. La fortune sourit aux audacieux, dit-on. C'est sûrement vrai (sauf en France).
De plus, s'il est haït en France, le "french doctor" est très demandé à l'étranger.
Il a donc fallu rédiger un CV en anglais, faire la preuve de mes diplômes et d'un anglais acceptable, passer une visite de médecine du travail, demander à des collègues de se porter garant de mes qualités professionnelles, faire des vaccinations, mettre mes affaires en ordre, prévenir mes associés, trouver un remplaçant, au moins pour une partie de mon absence...
Et deux semaines avant le départ, j'ai commencé à avertir les patients que j'allais m'absenter un mois.
Ils ont été très compréhensifs. Tout le monde m'a dit que j'avais bien raison de prendre des vacances, vu que je ne partais pas très souvent. J'ai envisagé un moment de laisser les gens dans l'ignorance mais, d'une part, ce n’était pas très fair-play, d'autre part, honnêtement, cela me faisait quand même un peu tarter, que l'on puisse penser que je nous allions nous dorer la pilule en famille, sous les cocotiers, alors que je partais tout seul, travailler au trou du cul du monde, en abandonnant mes (nombreuses) propriétés, mes femmes, mes enfants, mes toiles de maître, mes pur-sang, mes chiens de race, mes Ferrari...
Que voulez-vous, on ne se refait pas. Culpabilité judéo-chrétienne oblige...
J'ai donc annoncé à mes patients que ... euh... en fait, je partais plutôt pour le travail, et que... ce ne serait pas des vacances. Et puis c'est tout !
Et la réponse qu'ils m'ont faite a été : "Ah ? vous allez faire de l'humanitaire ? Médecin sans frontière ? médecins du monde ?..."
Là, j'ai compris que j'en avais trop dit, ou pas assez, alors, au point où j'en étais, je leur ai déballé la vérité.
C'est quand même un peu humiliant de dire qu'on est dans la mouise. On passe pour un flambeur ou un mec qui  ne sait pas gérer son budget. Ça fait un peu : "Excusez moi de vous demander pardon, M'ame l'assistante sociale, je croyais que j'arriverais à rembourser ma maison et à aider en même temps, mes enfants qui font des études. J'aurais pourtant du le savoir, hein ? qu'en étant médecin il faut vivre en HLM, hein ?".
Le plus fort, c'est que je le savais bien qu'il ne faut jamais compter sur les paiements forfaitaires, mais je me méfiais des forfaits à venir (P4P, NMR, option démographique...), pas de ceux déjà en place.
Mais je digresse.
Bref, en substance, voila ce que je leur ai dit :
- "Euh, ...en fait ...non, c'est pas ça. Euh... je vais à l'étranger euh... surtout pour gagner ma vie... Je fais le... travailleur émigré en quelques sortes, le... portugais de la médecine,... le maghrébins du soin..."
Je ne pense pas qu'ils m'aient cru. C'est trop énorme. Mais c'est vrai.
Ils me croiront quand je ne serai plus là.

Pourtant, depuis avant même mes études de médecine, je rêve de faire "de l'humanitaire", particulièrement depuis que j'ai vu "Tango", ce chef d'oeuvre du cinéma français ou Philippe Noiret proclame, péremptoire : " Médecins sans frontières ? Infirmières sans culotte !".
Mais pour ça, il faudrait déjà vivre normalement de son travail.

Selon les critères internationaux de rémunération des médecins dans les pays développés, cette mission d'un mois, que j'ai acceptée, n'est pas très bien payée, puisqu'elle est rémunérée seulement 2 fois plus que mon revenu moyen mensuel de généraliste rural français et à peu pres 8 ou 9 fois plus que ce que je gagne sur les mois les plus creux, mais il ne s'agit que d'un remplacement. C'est ce qui explique la modicité du salaire.
Alors quoi ? je fais du "non humanitaire"? du "soin qui vise au mal-être de l'humanité" ?

Mais en fait, à y bien regarder, qu'est-ce que "faire de l'humanitaire" ?
Si je me fie à cette vidéo idiote de médecins sans frontières, "faire de l'humanitaire" pour MSF, c'est être un médecin  sans hésitation, sans renoncement, sans arme, sans rendez-vous et sans relâche.
J'ai tout bon, non ?
Sans hésitation ? Alors là, je n'hésite pas à répondre sans hésitation : Un docteur, ça n'hésite pas, sinon, c'est pas un bon docteur, tout le monde le sait.Y'a pas à hésiter. Le Dr House, il n'hésite pas, lui !
Sans renoncement ? Yesss ! Je ne renonce jamais. Je suis plus tenace qu'une mycose vaginale, plus opiniâtre qu'une constipation chronique.
Sans arme ? Non... je ne suis pas armé, non. En un sens, cela vaut sans doute mieux. Un soir de beuverie, je serais capable de faire du dégât. Il est plus sage, de ne pas être armé, finalement.
Sans rendez-vous ? C'est maââââl de proposer des rendez-vous ? ou doit-on comprendre qu'un médecin sans frontière prends aussi, sans rendez-vous ? Au bénéfice du doute, je choisis la deuxième possibilité et le critère est remplit. Apres tout, je prends aussi les urgences qui osent ne pas prévoir la date de leur prochaine colique néphrétique ou celle de leur accident de moto.
Sans relâche ? C'est sûr qu'en ce moment je bosse genre  J7 - H 24.

Travailleur humanitaire désintéressé en pleine action (et en plus, lui,  il n'a pas hésité à se démener à gauche et à droite pour remplir son devoir humanitaire !)

C'est vrai, quoi, plaisanterie mise à part, faire "de l'humanitaire", finalement, c'est renoncer à son confort et aller soigner pour une aumône, de pauvres gens, dans des endroits où il n'y a pas de médecins. C'est travailler dans des conditions précaires, dans des pays de misère et continuer envers et contre tout à s'acharner contre l'adversité, la maladie, les gouvernements corrompus, les administrations hostiles, le manque de budgets et ne pas renoncer car on sait que la population a besoin de nous, là, sur cette terre ravagée, au service des plus pauvres, de ceux qui souffrent...(Allez ! Envoyez la musique qui fait pleurer !)


Au bout du compte, et en toute modestie, c'est exactement ce que je fais...                                                        









                                                                    ... en France !



PS : Je ne croyais pas si bien dire. Cet article vient de paraitre dans le monde juste au moment ou je publie ce post.

33 commentaires:

  1. Marrant.
    De nombreux universitaires ont des possibilités de faire de l'humanitaire.
    On ne le dit pas assez.
    Bravo pour ta franchise.
    L'expérience de l'hôpital de Den Pasar (Bali) m'a rendu très interrogatif sur le rôle des expats...
    Bon courage.

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  2. Témoignage intéressant sur les difficultés financière d'un médecin pourtant en "désert médical".
    Bravo pour ton courage de tenter cette expérience d'expat' j'espère que tu nous pondra un beau billet à ton retour, car comme beaucoup je serais intéressée d'avoir ton retour.
    L'inconstance des politiques fait peur pour l'avenir des NMR.
    Remplaçant je ne suis pas encore pleinement concerné par tout ça mais l'avenir est loin d'être radieux, du moins sous nos latitudes.
    Profites de cette parenthèse
    et merci pour le billet

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  3. Bon courage et ne croyez pas que cela ne se fait pas cher vos homologues allemands. Eux aussi vont travailler à l#étranger par-ci, par-Là afin de maintenir leur cabinet médical à flot.

    Je vous crois et trouve désolant que cela soit devenu nécessaire (ce qui ne m'empêche pas de crogner contre certains médecins abusifs avec la petite fcature).

    Bonne journée

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  4. Bon ben voila tu franchis la ligne .Bon courage , je penses que la décision est difficile .Et surtout c'est injuste et anormal d'en arrivé à devoir s'expatrier pour faire bouillir la marmite, tout ça à cause, une fois de plus, d'une décision unilatérale et sans consertation de Mme Lacaisse.

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    1. En l'occurence, je crois que le CODAMU PS est sous la coupe de l'ARS alors qu'il obeissait auparavant au prefet.
      C'est donc une instance qui depend officiellement du gouvernement et non pas des caisses, ce qui est curieux puisque ce sont les caisses qui paient pour la PDS.
      Des medecins siegent officiellement au CODAMU PS. En pratique, ils sont au mieux, consultes, rarement ecoutes. Ils n'ont pas de pouvoir decisionnel.
      Voila. Je ne demande qu'a etre contredis.

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  5. Merci, encore une fois, pour cette française réalité mise à nue.
    A bientôt peut-être, en IRL ?

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  6. J'apprends que l'UMP ne pourra pas organiser un nouveau vote car les 141 huissiers ont coûté 300 euros de l'heure. http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/11/26/nkm-et-gueant-envisagent-de-faire-revoter_1795743_823448.html

    je n'ai pas envie de commenter.

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    1. ah et bien on pourrait se porter volontaire et faire des "certifalacon" ça reviendrait moins cher que l'heure d'huissier...

      Kyra

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  7. Bon séjour en Asie, quelle chance! Profite-en bien et gagne plein de sous! (ah non zut encore raté :s)

    Sans hésitation dans cette vidéo c'était plus dans le sens "comment ne pas aller trop loin?" dans les risques pris pour soigner, je crois.
    Et sans arme ici c'est plutôt dans le sens de ne pas prendre partie au conflit pendant une guerre, mais bon. Cette vidéo a été fabriquée pour lever des fonds, pas pour expliquer le boulot humanitaire, je pense.
    Ou alors j'ai rien compris au second degré, c'est possible aussi, hein!
    Autant je comprends à 1000% ta frustration de ne pas pouvoir vivre décemment de ton art et le fait que notre système dysfonctionne vraiment, autant le parallèle avec l'humanitaire m'a un peu irritée. L'image de B.K.aussi, enfin d'avantage lui que sa photo en fait!

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    1. Bonjour.
      Je comprends tout a fait votre irritation. En redigeant ce billet je pensait que les reactions telles que la votre seraient plus nombreuses. Mais j'ai quand meme publie ce post, justement parcequ'il etait outrancier et pouvait provoquer une reaction.
      Oui, j'ai ete irrite par cette video de MSF. Je deteste cette maniere de communiquer, pleine de poncifs et de sous entendus moralisateurs.
      Oui, je deteste Bernard Kouchner.
      Oui je suis au dela de la colere, au sujet de l'evolution du systeme sanitaire francais et je ne vois pas les choses changer.
      Et, oui, j'ai force le trait au sujet de l'humanitaire en France. (Que les gens qui se defoncent dans des pays en guerre me pardonnent cet exces).
      Mais je n'ai pas exagere tant que cela, je vous l'assure. MdM ouvre des missions dans les deserts francais, le SAMU social ratisse deja nos villes depuis longtemps. Bientot des dispensaires de brousse dans nos campagnes tels que ceux que je vois ici en Asie...
      La France se quartmondise/tiersmondise a toute allure. Ce pays n'est deja plus que l'ombre de lui meme. Et en plus, nous sommes dans le deni.
      "Mais non, tout ne va pas si mal". "La dette n'est pas un probleme". "on peut encore augmenter les prelevements". "Les medecins generalistes ne travaillent pas tant que ca et ne sont pas a plaindre"...
      Merci en tous cas d'avoir exprime cette irritation legitime.

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    2. Bon, bon, ça va alors si tu détestes PapyKouchner aussi;)

      L'ironie c'est que cette vidéo a été sortie parce qu'avec la crise ils avaient un sacré problème de sous. Pas grave, je crois pas qu'ils voulaient moraliser, pas trop leur genre, habituellement. Et puis c'est plus mes gromeuleu perso que ton article je crois, suis biaisée en plus. Plein de conflits d'intérêts.
      Et 100% d'accord sur le pourrissement de la situation de notre pays. Les 115 millions de repas annuels des Restau du coeur ça calme, par ex., comme bien d'autres choses qui marchent sur la tête. On a des décideurs merveilleux, qui ont tout compris à la santé publique, hum.

      Bon courage en Asie! J'espère que la séparation avec ta famille est compensée par des chouettes choses, et mange pas trop d'amibes dans ton khaonom mokheng quotidien;) (guess how I know it)
      Sophie

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    3. ;-)
      Sabaïdee !
      Je suppose que tu es déjà venue par ici ... ?
      Bien sûr que je suis outrancier et que je respecte profondement les gens qui font "de l'humanitaire" (je n'aime pas cette expression non plus).
      J'aurais aimé partir aussi là où l'on avait vraiment besoin de moi. Au lieu de ça, à presque 50 ans, je bataille au quotidien pour garder la tête hors de l'eau...
      La séparation avec la famille : pas trop facile. Je suis un homme très marié. ;-)
      Mais, oui, c'est une expérience extraordinaire, au contact des gens du cru aussi.
      Il y a plein de chose à mettre en place ici au delà du soin au quotidien. Formations - santé des populations. Dommage, c'est trop court. Mais je reviendrai, peut-être même définitivement.
      Quant aux amibes, chais pas... faut bien ramener quelquechose. Ya pas de cartes postales ici...;-)
      Amicalement.

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  8. Merci pour ce témoignage. Juste une réaction :

    « De plus, s'il est haï en France, le "french doctor" est très demandé à l'étranger. »
    N'exagérons rien. Je suis sûr qu'on est plein comme moi à ne pas détester les médecins (et pour ma part, encore moins depuis que je lis leurs blogs. Avis aux coiffeurs et garagistes que je déteste, EUX ;) )

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    1. Bonjour. Je ne sais pas trop que repondre a votre commentaire qui m'interpelle.
      On pourrait commencer par une citation de Jean Cocteau "Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour..."
      Quelles preuves : Ou est le respect minimal que l'on doit a une personne "aimee".
      Je ne vois que defiance, jalousie, mepris et volonte d'humiliation, dans les actes de la societe francaise envers le corps medical.
      Il est facile de s'en tirer en disant que ce sont les autorites qui se conduisent ainsi, et non pas le peuple francais, mais je ne crois pas que ce soit la verite.
      Je pense plutot que les politiques surfent sur la vague, designent des boucs emissaires que les francais sont bien contents de stigmatiser, sans reflechir plus...
      Vilains medecins qui depassent et s'en foutent plein les fouilles !
      Vilains banquiers qui speculent!
      Vilains industriels !
      Vilains entrepreneurs qui gagnent de l'argent!
      Ad libitum...
      Diviser pour mieux regner. Sans doute. Mais les francais ne resistent pas.
      Ne nous exonerons pas de notre part de responsabilite dans le dysfonctionnement de notre societe.

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    2. Par ailleurs. Je ne demande pas a etre aime. Un peu de respect me suffirait.

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  9. Bravo d'avoir pris une décision courageuse! Et vous aurez tout plein d'anecdotes à raconter au retour!

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  10. encore une fois je suis "scotché" et quelque peu "rassuré" de ne pas être tt seul à me réjouir que la ministre ne m'ait pas invité je ne crois pas que j'y serais allé ou j'aurais été franchement désagréable et j'aurais craché dans la soupe.
    pour kouchner... joker ! pour m'éviter un procès
    moi aussi sans crier famine j'ai honte de mes revenus minables je n'ai pas envie de travailler plus je suis incapable d'être plus rapide
    il y a qq années j'étais fier d'avoir trouvé cet équilibre (plus facile à réaliser pour un oph qui gère exceptionnellement des urgences vitales ) entre travail et formation gains corrects et mesurés versus charges impôts etc mais je vois bien que depuis la stagnation des honoraires cet équilibre m'entraine vers le bas heureusement mes fils ont moins besoin de mon aide et ma compagne apporte au ménage un salaire de fonctionnaire supérieur à mes revenus.
    je sais par mes confrères qu'il existe des centres d'oph en "humanitaire" ici en France et je dis bien ophtalmo et pas opticien car la ministre et les médias sur sa trace font un amalgame révoltant entre lunettes et ophtalmo. si les lunettes sont chères ce n'est pas un dépassement d'honoraires de l'ophtalmo la ministre a plusieurs fois fait l'amalgame volontairement ou alors elle n'a rien compris ce qui serait aussi grave.
    alors je le répète moi oph de base rural et "rouge" je suis entièrement solidaire de mes confrères secteur 2 dans leurs revendications tarifaires et j'espère naïvement qu'ils le sont et le seront envers les secteur 1.
    je voudrais dire à anonyme qu'il se trompe et que globalement l'image des médecins est déplorable dans l'opinion : il n'y a qu'à voir les réactions à chaque publication des revenus des médecins(le célèbre tableau de la CARMF) je ne sais pas comment font mes confrères pour atteindre des sommes pareilles car même si j'avais la force de travailler le double je n'arriverais pas au revenu le plus bas de ma spé.
    pardon d'avoir été long encore une fois et merci pour ce post percutant
    je pense que tu as fait le bon choix
    envoie nous des "cartes postales" sur le blog et ménage tes coronaires !

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    1. désolé j'ai carrément zappé les virgules dans mon comm précédent

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    2. Promis, je fais un post avec des photos !
      Et pour les accents, il n'y en aucuns dans mes commentaires (clavier QWERTY sans accent...).
      Merci de tes commentaires.
      Bien amicalement.

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  11. Tes patients auront bien compris que la seule et unique motivation de ce voyage était le tourisme sexuel... :)

    Bon voyage !
    N'oublie pas la graisse à traire pour le bronzage.

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  12. ;-) rate. Je ne suis pas en Thailande !

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  13. Je viens seulement de lire ton billet (il me faut un certain temps pour vous lire tous (je n'y arrive pas d'ailleurs, vous êtes tellement nombreux!))...

    Contente d'avoir fait ta "connaissance" par twitter, j'ai hâte de lire tes prochains posts sur ton expérience au Laos. J'ai aussi longtemps voulu faire de l'humanitaire (avant les études de médecine, pendant et même encore maintenant). Aujourd'hui (avec la naissance de mon fils) je ne l'envisage plus, au moins pour le moment... Je me dis que rien ne presse, qu'il sera toujours temps de le faire un jour (quand les enfants seront grands)...

    Bon séjour au Laos, j'espère que ce n'est pas trop dur loin de la famille.

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  14. Bonjour,

    malheureusement je ne crois pas que ta décision puisse ouvrir les yeux des décideurs de la tutelle. Ils sont totalement déconnectés des réalités humaines de terrain. Eux c'est la gestion économique par marqueurs quantifiables qui les guide. La survie économique des entités de production de soins (je voulais dire nous les médecins ..."les praticiens libéraux")les technocrates s'en contrefoutent.

    Les pragmatiques de terrain diront en voyant les raisons de ton départ: "CQFD". Les technocrates bureaucratiques diront : "quantum negligeable ... RAS continuons les procédures".

    Curieusement aprés des decennies d'interrogation sur la "desertification medicale" et le déni sur la pauperisation des praticiens, c'est un débat sur les dépassements d'honoraires de la haute société médicale qui accouche de pseudo revalorisation-usine à gaz sous forme de ridicule forfait dont le principal but est d'appofondir notre dépendance économique aux caisses. Un débat franc sur les honoraires médicaux est impossible à avoir au grand jours, c'est tabou, le probléme de la paupérisation médicale n'est accessible qu'en "lousdoc", dans le cadre d'une conférence sur des excés d'honoraires... je trouve cela trés freudien.

    Quel gachis social (...comme la France jacobine sait si bien faire, républicaine comme une religion)

    Ne supprime jamais les traces de ce blog car dans une decennie il sera interessant de voir cliniquement le pourquoi du comment de la desertification medicale.

    Vive l'expatriation.

    Cordialement

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    Réponses
    1. Bonjour.
      Je suis entierement d'accord avec ce commentaire. Malheureusement, nos decideurs sont incapables de comprendre la raison profonde de la desertification medicale. Ils appliquent des croyances qui leur viennent de l'ENA ou de l'X. et ne nous voient pas comme nous sommes, ni meilleurs, ni pires que la moyenne des francais.
      L'argent, nerf de la guerre, permettrait a beaucoup de travailler comme ils le souhaitent, y compris a la campagne, genre 2 ou 3 jours par semaine avec un secretariat. Avec le niveau d'honoraire actuel, ce type d'organisation est impossible, a moins d'accepter de te deplacer a la campagne, pour gagner le SMIC sur un temps partiel ...
      Les paiements forfaitaires que les politiques appellent de leurs voeux ne font qu'augmenter notre dependance et nous mettent dans une grande precarite. Je ne suis pas le seul a souffrir de la disparition de ces forfaits de nuit. Je predis d'ores et deja une acceleration de l'exode rural des medecins, en particulier ds les zones isolees.
      Les jeunes medecins (et beaucoup de moins jeunes) ne se font pas une idee realiste des pouvoirs publics. 20 ans de pratique (+ 10 ans d'etude et de service militaire) m'ont permis de me rendre compte de l'absolue inconsequence des politiques, toutes tendances confondues. Un jour c'est blanc, un jour c'est noir. Un pas en avant un pas en arriere. Tu t'engage sur des forfaits. Tu comptes dessus. Ben non. Finalement, c'est pas pour toi. ou alors, Pouf ! finis le forfait ! Dans le/la plus parfaite ignorance/mepris/...
      Nous, les soignants, sommes quantite negligeable. D'ailleurs, dans l'inconscient collectif francais, ce n'est meme plus les soignants qui soignent, mais la Securite Sociale !
      Confusion des valeurs et des idees.
      Je me suis habitue a l'idee que ce blog ne changerait surement pas les choses, mais qu'il servirait peut-etre de temoin, pour dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, si un jour les francais se reveillent...
      A titre individuel, meme si je suis encore physiquement la pour quelques mois, voire un ou deux ans, je suis deja ailleurs dans ma tete...
      Un revirement complet de politique, ne me ferait pas changer d'avis aujourd'hui. Il y a trop de contentieux entre eux et moi, et trop de mefiance. Et maintenant que j'ai goute a autre chose, je realise que le monde est vaste, beau, et bouge rapidement et j'ai vraiment envie d'aller voir ailleurs comment ca se passe, si je peux faire partie de tout cela.
      Cordialement

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  15. Ca me laisse sans voix. Tant pis pour la France qui a bien mérité de se désertifier, vu le prix qu'elle fait payer à ses médecins pour assurer la santé de sa population. Et tant pis pour les patients aussi , qui voient leur médecin partir, mais ne prennent la peine de le défendre. A la fin, les politiques, ceux-là ou d'autres, continueront à aller se faire soigner chez leurs copains, et ce sont les patients qui en pâtiront, et qui payeront.

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  16. C'est assez ahurissant de lire que les médecins sont ds la précarité...Mon MG est en vacances .. J'espère qu'il ne fait pas la meme chose que vous ! En général, sa salle d'attente est pleine .. Je n'en reviens pas.
    La ministre propose 4600 euros nets pour chaque médecin s'installant en campagne..Ce n'est pas mal pour débuter..Enfin, j'espère que les jeunes médecins resteront en France. ...;)
    Je ne crois pas que les français se fichent de leur MG . Nous sommes trop contents de vous trouver quand on a des problèmes. Revenez en France, le ski va commencer.Ils ont besoin de vous ,les bras et jambes cassés !;)) sans compter les grippes et tout le reste !

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    1. Bonsoir,

      ce n'est pas les Français et les patients qui se foutent de leurs médecins, c'est les technocrates des tutelles qui, étant en bonne santé, venant de milieu favorisé et citadin qui ne savent pas ce que c'est que travailler sur le terrain, ou bien simplement d'être malade et d'avoir un medecin disponible qui les connaît, pour être soigné simplement, un gars là pour effectuer la medecine de base ambulatoire et à proximité : c'est ce service qui est en train de disparaître. Et pourtant c'est ces blanc-becs qui décident depuis leurs logiciels dérivés du "googlemaps" et sucré à la sauce de statistiques et prévision démographico-économique. Le présent le vécu voire l'urgence quotidienne, ils ne connaissent pas.

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    2. juste une petite rectification au message d'anonyme le 5 décembre, la ministre ne proposait pas d'offrir généreusement une prime à l'emploi mensuelle de 4600 euros, mais de compléter les revenus des médecins généralistes qui n'arrivent pas jusqu'à cette somme... ça change quand même un peu la donne...

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    3. Je suis ingénieur, je bosse au CNRS, et je gagne 1805 euros nets. (après avoir fait des powerpoints dans un groupe du CAC40 pour un salaire double, environ).

      Ce qui me gêne un peu dans votre texte, c'est que vous semblez ne pas faire de différence entre des gens qui pâtissent des politiques en cours et d'autres qui en profitent. (c'est votre allusion aux pauvres banquiers et aux gros prélèvements qui m'y fait penser).

      Pour mémoire, hors remboursements sécu et paiement des retraites (qui ne sont pas vraiment des impôts, puisqu'on redonne le pognon aux bénéficiaires après l'avoir pris aux cotisants), les dépenses publiques représentent 25% de PIB, dont la moitié pour le remboursement de la dette et l'éduc' nat' en gros. Reste 12-15% pour tout le reste (armée, collectivités locales...).

      Pour mémoire encore, la dette a doublé entre 2002 et 2012, alors qu'on n'a jamais autant multiplié les niches fiscales diverses et variées, c'est à dire, baissé les impôts. Typiquement, le bénéfice réalisé lors de la vente d'une maison (résidence principale) est totalement libre d'impôts. Vous comprendrez sans doute que ça peut jouer sur le choix d'investir dans sa résidence principale ou, par exemple, dans une activité pro libérale ou non...

      Je suis donc toujours gêné aux entournures quand quelqu'un écrit que tout va mal, sans pour autant dire que les responsabilités sont portées par des personnes précises, souvent responsables publics, et non par des choix de société sans visages ou des défauts que le "français moyen" aurait et qui le condamnerait à la damnation.

      Ceci dit sans animosité, et sans contester particulièrement le constat que vous faites sur certains problèmes manifestes que nous trouvons devant nous aujourd'hui.

      Bonne suite à vous dans votre aventure en expatriation.

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  17. bon courage pour cette décision. Je n'ai pas osé , j'ai préféré diversifier mon activité. Mais je suis bien d'accord pour affirmer le manque de respect des technocrates pour notre boulot qu'ils ne connaissent pas. Ayant été syndicaliste , j'ai été trés déçu de voir que les technocrates s'assoient sur nos reflexions. Ces mêmes technocrates sont laissés en place par les politiques et décident de poursuivre l'asphyxie des generalistes! Cela dit, les électeurs ont ce qu'ils méritent puisqu'ils votent pour un programme économique qui diminue inexorablement l'accés aux soins aux moins riches. C'est désespérant mais je prefere encore rester et en baver un peu en espérant qu'un jour les choses changent.

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  18. Si la teneur de l'ensemble de votre billet est plus que juste et utile pour informer de la réalité des pratiques en territoire rural, vous risquez malheureusement de perdre beaucoup de crédit avec cette simple introduction (à moins que ce soit un clin d'oeil humoristique malvenu que je n'aurais pas compris): "grande précarité financière". Tout comme les commentateurs qui parlent de paupérisation de la profession, je vous invite à vous pencher sur le cas de vos concitoyens qui vivent en situation réelle de grande précarité au quotidien, depuis et encore pour de nombreuses années, sous le seuil de pauvreté, dans des logements inappropriés et souvent indécents. Et qui n'ont que très rarement la possibilité et moins encore les moyens de choisir comme vous pouvez le faire des voies alternatives…
    Mis à part cela, encore une fois, toute votre réflexion n'est absolument pas remise en question.
    Cordialement,
    Ludovic

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  19. Il faut voir la globalité avec les charges: l'urssaf, la retraite, les impôts, le cabinet, le matériel etc. Et pendant les mois creux on serre les fesses.
    J'ai eu cette expérience quand j'ai accouché et que je me suis pris 5 semaines d'arrêt: la Sécu finance, mais juste le cabinet, pour le reste on peut aller se brosser.
    Etre salarié n'est pas si mal pour ça.

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  20. Oui , oui sur l'enormite des budgets " balances " sous couvert des ONG , sur l'ambivalence , la face cachee de l'humanitaire ...mais la vie professionnelle ici et la vie tout court c' est passionnant , apprendre une nouvelle langue , des cultures , des pathologies . Etre saisie par la complexite des enjeux , par la beaute , par les relations . Accepter d'etre destabilisee pour grandir . Je veux bien depenser toute cette energie pour le vivre ( je ne suis pas medecin dans l'humanitaire mais les organisations sont tres presentes ici et c'est impressionnant en arrivant ) , pas envie de repartir pour de bon ? les photos sont tres belles ....Dr Valerie , Maputo , Mozambique ...

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