Hier j'ai rencontré mon collègue Jean Pierre de Troufignan.
C'est un excellent médecin et un homme très sympathique, toujours de bonne humeur. Il a fait le choix d'exercer seul, mais garde d'excellentes et étroites relations avec ses confrères, donc avec nous. Il pratique la médecine générale et est également correspondant SAMU.
En secteur 1, et exerçant seul, il n'a pas investit dans une table de radiologie et ne participe pas à la prise en charge de la traumatologie du ski.
Nous nous sommes arrêtés au bord de la route, au soleil, et nous avons discuté.
Il m'a demandé si je serai présent à la réunion de jeudi prochain, à la préfecture du département.
Quelle réunion ?
Renseignements pris, il appert qu'une réunion est organisée par l'ARS à 14 h ce jeudi, au sujet de la création d'une maison de santé pluridisciplinaire.
En dehors du fait qu'organiser une réunion à 14 h avec des médecins libéraux, à plus de 100 km de leur cabinet, en pleine semaine, ne me paraisse pas une idée lumineuse, il me semble que les médecins de notre groupe médical auraient pu être officiellement avisés d'une telle démarche. Après tout, même si nous exerçons maintenant à St Frusquin, qui est à 3 km de Troufignan, nous réalisons, à nous trois, environ 50 à 60 % des actes de médecine générale sur le secteur.
Il m'explique alors que la communauté de communes de Troufignan, sentant venir le manque de médecins, insiste lourdement auprès de l'ARS pour la création d'une telle MSP. Et ça tombe bien, l'ARS a des sous pour ça. Et ces sous, il faut les dépenser rapidement... … c'est une volonté politique ! Le ministère pousse au cul !
L'argent public, c'est bien connu, n'est à personne.
Or donc, la communauté de communes et l'ARS veulent créer une MSP à Troufignan !
Il y a encore à Troufignan, outre mon confrère Jean Pierre, un groupe de médecin, tous en secteur 2.
L'un d'entre eux vient de traverser une grave maladie et ne fait plus qu'un temps partiel. Un deuxième cherche désespérément à quitter son cabinet mais ils ne trouve pas de successeur. Ils sont propriétaires de leurs locaux professionnels, et compte tenu du marasme économique ambiant, ne trouveront pas facilement de locataire pour ces locaux.
De plus, ça fait des (dizaines d') années que l'activité est pluridisciplinaires dans nos centres médicaux, avec participation active d'infirmières, de psychologues, de kiné, de sage-femme, et de divers spécialistes...
Donc ils ne souhaitent légitimement pas déménager de leur centre médical.
Bien sûr, il y a nous... Seulement voilà. Depuis notre déménagement, il y a 1 an et demi, nous ne sommes plus dans la com. Com. de Troufignan ! C'est ballot !
Donc, nous ne sommes pas concernés, même pas consultés.
Je résume :
- Troufignan est en pleine déconfiture médico démographique et veut que l'ARS finance une MSP, mais les médecins encore en place ne veulent/peuvent pas quitter leur centre médical. On les comprends. Ils n'ont rien à y gagner et tout à y perdre.
- A 3 km, St Frusquin a 3 médecins depuis 1 an et demi, dans un centre médical moderne, qu'ils partagent avec plusieurs autres professionnels de santé, mais ils ne sont pas concernés par le projet, car en dehors de la com. com.
Qui plus est, RIEN ne permet de penser que la présence d'une MSP officielle, duement estampillée par le ministère, l'ARS, l'HAS, changera la donne en ce qui concerne la démographie médicale locale...
Nous avons donc là tous les ingrédients d'un magnifique merdage politico-sanitaire avec voluptueux gaspillage d'argent public à la clé.
Si le projet démarre, mes enfants, ça va être grandiose !
On peut s'attendre à 500 000 ou 1 000 000 € dilapidés pour construire ce qui restera très probablement une coquille vide !
Comme il y en a d'autres dans le département !
Mais je suis sûr que ces clowns à roulettes qui nous gouvernent mettront des panneaux au bord des routes « ici,l'état, la région... investit pour votre avenir » et s'en féliciteront dans leurs torchons officiels sur papier glaçé. Vous savez ! Là où ,ils se vantent d'avoir investit tant sur un lycée, tant sur la rénovation du centre ville de Troussidon sur Glavieuse (Merci pour le nom Dr Bezolle) et tant sur la nouvelle déchetterie...
Comment en est on arrivé à un tel bazar ?
Je me repasse le film de ma « carrière », sur les vingt et quelques dernières années.
1988.
Je suis en 7ème année de médecine. Tous mes amis ont passé l'internat. Ils ont été éparpillés dans toute la France. Les aspirants chirurgiens deviendront psychiatres. Les pédiatres en herbe feront de la médecine légale et ceux qui auraient aimé faire ophtalmo se reconvertiront à l'urologie ! On n'a pas toujours ce qu'on veut !
Quant à moi, de peur de réussir l'internat et de ne pas savoir renoncer à une glorieuse carrière de médecin du travail, je ne l'ai tout simplement pas présenté. Au lieu de bachoter, j'ai choisit des stages formateurs mais prenants, et visant la médecine de campagne, j'ai demandé le transfert de mon dossier universitaire en province ou je vais effectuer mes premiers remplacements.
Dans ce coin de campagne, la médecine libérale est encore le choix du roi.
Tous les IMG qui passent par l’hôpital du coin remplacent quelques années les médecins des alentours puis s'installent à leur compte, de sorte que le personnel de l’hôpital et les nouveaux venus (dont moi) connaissent un certain nombre de médecins installés.
Il y a assez de médecins sur le terrain. Lorsqu'un nouveau souhaite s'installer, il fait une création de cabinet dans un village, ou s'associe avec d'autres.
De fait, les médecins de campagne de ce secteur, comme partout en France, ont déjà remarqué qu'il est plus facile d'exercer en groupe que seul. Cela permet de se dégager du temps et de prendre plus facilement des vacances, et puis c'est agréable (le plus souvent) de travailler à plusieurs.
Certains groupes sont des moteurs de la communauté médicale locale. Dans leurs centres médicaux nous faisons des séances de formation médicale, et puis des soirées tout simplement conviviales !
Les infirmières viennent y faire des prélèvement. Des kinés sont souvent associés au projet...
Lorsqu'un médecin s'installe, ou lorsqu'un centre médical se constitue, les principaux intéressés étudient soigneusement le site d'implantation du projet. Ils investissent leur propre argent, ou empruntent à la banque. Ils est rares qu'ils se trompent sur le lieu d'implantation ou sur le projet médical.
Quand ils se trompent, ils sont en difficulté financière, mais le contribuable ne les renfloue pas.
Quand ils réussissent leur installation, ils peuvent espérer gagner correctement leur vie en travaillant beaucoup.
Les pouvoirs publics interviennent peu. Les patients ont une offre de soins assez abondante. La permanence des soins est parfaitement assurée.
1994.
J'ai finit mon service militaire il y a 1 an. C'était une galère, d'autant plus que mon fils aîné a 3 ans et que j'ai eu du mal à faire vivre la famille pendant cette période.
Je viens de m'installer en groupe, dans un village, en périphérie d'une ville moyenne. Nous sommes trois. Le cabinet jouxte la pharmacie. La zone est en pleine expansion.
Certains médecins se plaignent déjà des honoraires qui ne sont plus régulièrement revalorisés. De toute évidence, c'était mieux avant...
De plus le SAMU du département vient de voir le jour. Pour justifier son existence il veut maximiser le nombre des appels au 15. Des campagnes de com. sont lancées dans le département « Un problème médical ? Appelez le 15 ! » On évite soigneusement de signaler que c'est uniquement en cas d'urgence qu'il faut appeler le 15. J'ai encore un pied à l’hôpital ou réside le centre de régulation. Les responsables du nouveau SAMU ne comprennent pas : « Ils sont cons ces généralistes ! On leur fait leur standard et eux ils gueulent ! »
Par ailleurs, en mon fors intérieur, je me demande comment, avec ce numérus clausus toujours aussi serré, on va pouvoir remplacer les départs à la retraite dans quelques années.
1998.
Je suis installé depuis quatre ans, et toujours pas de revalorisations des actes.
Le plan Juppé nous a cassé. En cas de dépassement de l'ONDAM nous reverserons de notre poche l'ensemble des actes perçus et l'ensemble des médicaments et prestations prescrites au delà de ce chiffre arbitraire. Un texte de loi aussi stupide que contraire à toute forme de justice ! Mais il a été adopté sans problème par le parlement. Finalement il sera abrogé à la veille d'être appliqué, mais la confiance envers les responsables politiques est définitivement rompue, du moins en ce qui me concerne.
On nous a soumis à un impôt de plus lorsque l'ONDAM a été dépassé : 9000 FF ! Mesure vexatoire. Maintenant on nous propose de récupérer 6000 FF de cette somme sous forme d'aide à l'informatisation. On aurait mieux fait de nous laisser l'entière jouissance cette somme au lieu d'en confisquer un tiers au passage. Voleurs !
En fait, lorsqu'on lit le fameux contrat d'aide à l'informatisation, on se rends compte que c'est un contrat qui nous engage à télétransmettre les FSE sous peine de nous voir reconfisquer notre argent.
Méthodes mafieuses !!!
C'est décidé. Je ne télétransmettrai pas ! C'est une question de principe ! Vous pouvez garder mon argent ! Je vous emmerde !
On voudrait détruire la médecine libérale, on ne s'y prendrait pas autrement !
Mais il y a peut-être des gens intelligents dans les ministères. Ils doivent préparer une offre de soin alternative à la médecine libérale. Peut être des centres de santé à l'anglaise avec des médecins salariés. Ou peut-être des centres mutualistes …Après tout, l'important est que les gens aient une offre de soin disponible. Bizarre, je ne vois rien venir.
Je parle souvent aux élus locaux des difficultés des médecins libéraux. Ils m'écoutent (?) puis ils me répondent : « Hein que vous êtes bien chez nous docteur ! »
On n'entends jamais que ce que l'on a envie d'entendre !
C'est une bonne leçon ! Je m'en souviendrais.
2002.
J'en ai plein le dos.
Toujours pas de revalorisation des actes ! Je travaille 50% de plus qu'il y a quelques années et, avec la multiplication des postes de dépense, j'ai perdu 25 % de pouvoir d'achat. Je prends de moins en moins de vacances.
Les différents gouvernements de gauche ou de droite, qui se succèdent, alternent les grandes déclarations d'intention sur la revalorisation de la MG et les mesures absurdes et vexatoires.
Ils se foutent de notre gueule, ces cons !
Nous, on se laisse faire !
Et rien n'a été prévu pour remplacer les médecins qui commencent à partir. Ils sont fous !
C'est décidé. Je dévisse la plaque ! J'ai trouvé un poste salarié intéressant en clinique. Après l'été,je plie les gaules. Je n'ai pas trouvé de successeur. Tant pis, je m'assoit sur la perte financière. Ma liberté et ma dignité sont plus importantes.
Lorsqu'il apprend mon départ, le maire du village déboule stupéfait dans mon cabinet !
« Ben alors! C'était vrai ? Vous allez vraiment partir ? Mais comment qu'on va faire ? On pourra pu s'soigner !»
« Ben oui, c'était vrai. Mais soyez fiers ! Vous êtes des précurseurs. Bientôt ce sera partout que les médecins manqueront ! »
2008.
Ça fait 6 ans que je travaille comme salarié. J'ai été nommé chef de service. Ce que je fais est intéressant, mais je commence à ronronner. J'ai envie de changement. Mon vrai métier me manque.
De plus, je me « prends la tête » régulièrement avec les DG, responsables qualité et autre technocrates qui veulent régenter ma pratique.
Sous l'influence de l'accréditation/certification, la clinique dynamique que j'ai connu il y a quelques années et dont j'ai épousé le projet médical est en train de se transformer en une odieuse machine technocratique, et je passe plus de la moitié de mon temps en réunions stériles.
J'envisage de revenir en libéral.
Dans ce coin de campagne où j'ai acheté ma maison, c'est la déconfiture de la MG. Pas difficile de se réinstaller. Un des groupes locaux recherche désespérément un remplaçant à l'un des médecins décédé un an plus tôt.
Je sais que les choses n'ont pas fondamentalement changées. La MG est plus que jamais un Titanic en sursis. Mais la médecine salariée connaît également des dérives rédhibitoires. Et puis, compte tenu de la situation, l'investissement à prévoir est minime.
Je me réinstalle donc en 2008, mais dans un tout autre état d'esprit que la première fois en 1994 :
- Cette installation n'a rien de définitif. Changer est possible. C'est même très enrichissant.
- Il n'y a rien à attendre des pouvoir publics.
- Si on me casse trop les c.. dans cette pratique, je pars à l'étranger, je trouve un autre mode d'exercice (pourquoi pas des missions pour des sociétés spécialisées) ou je me déconventionne. Mes enfants seront bientôt autonomes. Mes besoins seront donc bientôt moindres.
En conclusion, cela fait au moins 25 ans que j'observe la situation du système sanitaire français.
On est passé d'un système globalement satisfaisant avec des médecins disponibles et motivés, à un système en pleine déshérence. De toute évidence, plus les pouvoirs publics s'en mêlent (semmêlent?), plus la situation se dégrade.
(Là, bien sûr, certains verront une relation inverse : plus la médecine se dégrade, plus l'état est obligé de s'en mêler... mais à mon avis, cette théorie ne résiste pas à l'analyse)
La liste des échecs de l'administration et des politiques dans la gestion du système force l'admiration :
- gestion calamiteuse de la démographie médicale
- interventions intempestives délétères dans la médecine libérale (dite maintenant de premier recours)
- ratages en série dans la gestion des hôpitaux
- politique du médicament complètement « à l'ouest » (cf l'affaire Médiator, le sang contaminé …)
- merdage total sur la grippe H1N1 (heureusement qu'elle était moins grave que prévue)
- échec sur la formation médicale continue
- échec en cours sur le DMP
- échec à prévoir sur les fameuses MSP censées résoudre le problème de la démographie médicale
- etc...
Soit nos dirigeants sont des crétins congénitaux (ce qui est loin d'être exclus) soit ils sont dans l'incapacité structurelle de réguler le système.
Mon opinion est que le fonctionnement d'un système sanitaire satisfaisant est d'une extraordinairement complexité. Penser pouvoir réguler le système de manière centralisée, par des lois décidées loin du terrain, par des gens ne possédant qu'une faible connaissance des choses, est illusoire.
Les phénomènes qui régissent cet écosystème sont innombrables et interdépendants.
Comment penser que le ministère ou l'ARS d'une région sont plus à même de décider de la pertinence de l'implantation d'un centre de santé pluridisciplinaire à Troufignan, que les professionnel de santé locaux ???
Si l'on ne remet pas de la souplesse dans le système, le pays va continuer à voir enfler ce «Gosplan sanitaire grotesque » qui dégrade chaque jour un peu plus l'offre de soin, dégradation qui sers de prétexte à l'instauration de nouvelles régulations elles mêmes délétères…
Le tout aboutissant naturellement à une pénurie d'offre de soin.
Rendez-vous dans 5 ans.
En l'absence de changement drastique en faveur d'une politique de santé faisant la part belle à la liberté et à la responsabilité individuelle, je parie une plaquette de Crunch que les choses se seront encore dégradées.
Bonsoir,
RépondreSupprimerje vis à Gribouille, en région de montagne,à 35 km de la "grande ville"de 100000 hab.
Les médecins partent en retraite, changent d'orientation ( oui, même à 55 ans) et la médecine déserte les campagnes.
J'ai pris, hier, un rv chez un cardio: presque 8 mois d'attente!J'ai bien le temps de mourir...
Pour les ophtalmos c'est un peu moins.
Etc, sans compter les infirmiers débordés, le manque de moyens, les fermetures...
J'ai l'impression de dire des banalités mais c'est tellement excédant!
Merci pour votre article . Bonne soirée
Ambre.
Bonsoir Ambre.
RépondreSupprimerIl est effectivement horripilant de voir que chaque décision des pouvoirs publicsn prise au prétexte d'améliorer l'accès au soins de la population, entraine systématiquement des effets "pervers" aggravant les choses et entrainant de nouvelles décisions idiotes...
La loi HPST de Bachelot a fait fort pour dégouter les médecins, avec la "taxe télétransmission" et la déclaration de congé des MG.
Mais le prochain pouvoir socialiste a décidé de forcer les médecins à s'installer dans les déserts médicaux. Vous pouvez être sûre que cela va augmenter la pénurie.
Je vous souhaite de trouver des praticiens disponibles dans votre région.
respect ! cet article décrit parfaitement la situation
RépondreSupprimerchez moi à Bled-la-foret c'est le mm problème avons perdu 4 MG sur 9 récupéré 1...sous réserves
plein de patients errent sans MT (j'ai l'habitude de demander le nom du MT)
le maire nous a convoqués (enfin pas moi tt de suite parce qu'ils me confondent avec l'opticien ) pour tenter de créer une "maison médicale " c'est la soit disant solution d'ailleurs derrière ce montage foireux un financier aux dents longues. mais une belle maison médicale n'amène pas de médecins(d'ailleurs 4 médecins sont depuis longtemps associés ds de beaux locaux qu'ils ont financés)
ce sujet me met en rage autant que vous ça me console de ne pas être le seul médecin "indigné"
Le désastre est inhérent à notre des/organisation : à partir d'une certaine taille, les systèmes sociaux deviennent ingérables et les civilisations s'écroulent. Il en va ainsi depuis que l'Homme existe : nous sommes génétiquement conçus pour fonctionner en groupes hiérarchisés de quelques centaines d'individus au grand maximum.
RépondreSupprimerLe salut ne pourra venir que d'une organisation horizontale stable. La démocratie née il y a 200 ans trouve ses limites. La suite est en train de se construire. C'est effrayant et passionnant à la fois.
sérieusement si vs le pouvez amplifiez cet article en l'envoyant par ex sur le plus du nouvel obs(qq fautes à corriger) il est très clair et va à l'encontre de ce qui est écrit dans la plupart des médias
RépondreSupprimer@Zigmund Oups. Pardon pour les fautes d'orthographe. J'ai fini "à l'arrache". Mais je viens d'en corriger 2.
RépondreSupprimerQuant à aller à l'encontre des média, j'ai peur (je suis même sûr) de ne pas être entendu. En effet, je suis maintenant à peu près sûr que l'on n'entends jamais que ce que l'on a envie d'entendre. Nos actions sont malheureusement souvent dictées par nos croyances. En éducation thérapeutique, on appelle cela les "croyances de santé", et il est extrêmement difficile de les faire changer. C'est pour cela que nos patients nous paraissent souvent n'en faire qu'à leur tête". Ils obéissent à leurs croyances. Les médecins sont comme cela également. Les politiques et les administratifs également. Parmi leurs croyances : "Les médecins s'enrichissent de manière injuste, en profitant de la sécu" ou "La société ne peut fonctionner harmonieusement que si je j'interviens à chaque niveau pour ... au choix, rétablir l'équilibre, favoriser tel secteur, pénaliser tel autre, etc ..." ou encore "les MSP vont résoudre les pb de démographie médicale"
Les croyances (qu'elles soient "de santé" ou autres) sont très pratiques en ce sens qu'elles nous évitent de nous remettre en cause. Elles apportent des réponses toutes faites. C'est du prêt-à-penser confortable.
Je suis maintenant sûr que ce sont des croyances délétères mais elles inspirent chaque action de nos hommes politiques ou de nos hauts fonctionnaires, qu'ils soient de gauche ou de droite. Et comme ils sont bouffis d'orgueil, ils ne sont pas prêts à évoluer dans leur réflexion.
Maintenant, si vous le souhaitez, je vous autorise bien sûr à le faire suivre à qui de droit. Mais je vous parie une plaquette de crunch (virtuelle) que le message ne sera pas entendu ! ;-))
Au fait, j'adore le ton de votre blog ! Je met bientot à l'origami également. ;-)
@Dominique Dupagne. Merci de votre message et félicitations pour votre site dont je suis également un fidèle lecteur.
Je suis bien content que ce soit vous qui ayez fait cette remarque sur la démocratie qui trouve ses limites. Je ne peux que plussoyer. Le monde se transforme sous nous yeux. C'est la fin de l'organisation pyramidale, à plus ou moins long terme. Le réseau prends son essor, inexorablement. Un certain nombre de personnes sont trop effrayés pour accompagner le mouvement. C'est passionnant et effrayant !
En psy, on appelle ça des pensées dysfonctionnelles. Le problème c'est qu'on ne peut raisonnablement envisager (péniblement) de les modifier que si elles sont source de souffrance... Ce qui ne semble pas (encore ?) évident pour ces "décideurs" qui ne se rendent pas compte du caractère délétère de leurs interventions.
RépondreSupprimer@ yannsud : s'il faut qu'ils en souffrent, il ne faut pas (hors urgence bien sûr et c'est facile pour un oph car pas ou peu d'urgences vitales)il ne faut pas accepter de leur donner des rdv en passe droit il ne faut pas leur dérouler le tapis rouge (mm si c'est celui pour qui on vote)il faut les faire raquer en s'offrant un beau dépassement exceptionnel s'ils insistent(tjrs hors urgence) pour passer devant tt le monde
RépondreSupprimer@ genou des alpages
merci bp
je ne puis transférer sans mettre le lien et c'est vous qui vous feriez tirer dessus à boulets rouges(j'ai vu ça récemment sur un forum concernant Sainte Vitale)
vu les papiers qui nous envahissent les origamiser c'est un moyen plus drôle que de les jeter rageusement dans la cheminée...mais c'est une addiction dangereuse :qui vous fait regarder la moindre pub carrée d'un oeil torve et les accumuler pour "le jour où"...=>entropie garantie :-))
l'état centralisateur aveugle et impuissant qui gesticule donnant l'illusion de l'acharnement au travail.
RépondreSupprimerLes maires, les collectivités locales qui " créent" leur "maison médicale" au mépris de toute évaluation sérieuse des besoins réels.
Près de chez moi, une maire, désireuse de plaire à ses administrés a réussi a faire venir un médecin en lui prêtant un local. Le village est une île de 500 âmes au milieu de rien avec une densité médicale suffisante à 7 km à la ronde et des habitants qui reviennent dormir le soir après 20h. Autant dire que le pauvre confrère est condamné à l'échec....dans une région par ailleurs plutôt sous- médicalisée....
YAKA et FOKON sont dans un bateau. Qu'est-ce que vous proposez ? Vous installer avec Stéphane Hessel ? Entre l'Etat aveugle et les locaux crétins, que reste-t-il ? Doc de montagne ? Mes amis installés à la campagne à la fin des années 79 se moquaient de moi installé en ville : ils s'entendaient si bien entre eux qu'ils prenaient des tours de garde sept jours sur sept, si bien entre eux qu'ils se disputaient les fonctions électives et / ou administratives, sans compter le conseil de l'ordre, ils faisaient bosser leur femme comme secrétaire à la tâche, ils habituaient les populations à l'offre de soins maximale, ils faisaient de la "vraie" médecine (petite chirurgie, et cetera), ils étaient des notables. Et maintenant ? Ils ont vieilli, ils se sentent dépassés, ils n'ont pas vu leurs enfants grandir (en internat, et cetera). Alors ? Ils râlent. Ils accusent l'administration. Ils accusent la paperasse. Ils accusent le mediator. Ils en veulent aux spécialistes en spécialités. Ils profitent de la campagne.
RépondreSupprimerJe suis originaire d'un village de montagne, Taninges, Haute-Savoie, où je ne me serais jamais installé pour de multiples raisons professionnelles et anthropologiques.
Merci de ne pas trop m'engueuler.
Chacun doit trouver sa propre solution pour ne pas sombrer et ne surtout pas faire confiance aux technocrates, syndicats compris.
RépondreSupprimerExemple perso:
RESUME D’OBSERVATION.
Antécédents :
MG secteur 1, zone urbaine.
70 heures/semaine.
56 ans, encore marié… peut-être trois enfants?
Histoire de la maladie :
Relève le bout du nez du sthéto en 2002, grâce à la grève des gardes!
Examen clinique:
État zombiesque
Diagnostic :
Une vie de con!
Traitement en urgence :
- Poursuite de la désintoxication à la PDS.
- Interdiction formelle de battre la cité nuits et dimanches pour un nez qui coule …
- Verrouillage patientèle
Effets secondaires :
Néant.
Évolution :
Bonne, avec disparition progressive des cadences infernales.
Pronostic :
Favorable, burn out: out.
CAT :
Poursuivre le même traitement. A revoir à 65 ans.
@docteurdu16.
RépondreSupprimerje ne vais pas vous engueuler, rassurez vous ;-).
Je vais aussi essayer de ne pas trop accuser les autres, élus locaux - état - ARS ...
Je pense qu'ILS sont mal placés pour résoudre NOTRE problème.
La médecine, c'est notre métier ! c'est notre responsabilité.
J'aimerais simplement qu'on me laisse libre de les résoudre ces problèmes. Il me parait peu efficace et très dispendieux, de bloquer les honoraires pendant des années et puis de dépenser beaucoup d'argent pour essayer de faire revenir des médecins en "libéral".
Le cout d'une consultation n'est pas le même, qu'on travaille en ville ou en campagne, qu'on fasse de la bobologie exclusive de touriste, de la traumatologie ou du suivi de maladie chronique.
Je réclame seulement des espaces de liberté tarifaire.
Je soutiens que cela couterait moins cher aux contribuables/assurés sociaux et serait beaucoup plus efficace sur la démographie médicale, que ces programmes mal foutus de création de maisons de santé, technocratiques, lourdingues dans leur cahier des charge et aux financement très incertains. Mais je me rends compte que ce n'est pas l'endroit pour développer. Cela fera sûrement l'objet d'autres post.
Oups, j'ai enfreint le tabou de la consultation à tarif unique et opposable. Je vais sûrement en prendre plein la poire.
merci de ne pas trop m'engueuler...
Les maisons de santé ne se conçoivent que dans le cas où il y a des médecins. C'est évident. Les Français sont capables de parcourir 50 km pour accheter de la moquette mais râlent pour aller voir leur médecin à 10 ! Et les maisons médicales sont un vieux fantasme des élus locaux (avoir leur petit hôpital) et parfois des médecins (retrouver le giron institutionnel). Je ne sais pas 'il y avait des solutions à l'époque mais en ce moment cela semble rapé. Bon courage !
RépondreSupprimerTapons un peu sur l'élu local... En gros je vais me cogner la tête contre le mur.
RépondreSupprimerCertes, je ne suis "que" conseiller municipal d'un village de 300 habitants, et délégué auprès de la communauté des 31 communes locales, et donc pas "directement" décideur.
Seulement, un élu local est tout sauf un multi-spécialiste tous domaines (économique, social, médical, énergétique, culturel, etc etc). C'est souvent quelqu'un (pour les petites villes et les villages) qui fait comme il peut pour arriver à contenter le plus de gens possibles (prééminence de l'intérêt du plus grand nombre), le tout au milieu d'une partie d'échecs de pouvoirs et pressions divers et variés.
Si un jour le cas se présentait à ma porte (problème signalé par un nombre croissant et significatif de concitoyens), je fais quoi? Tout "naturellement" je me tourne vers une administration, sensée organiser tout ça: l'ARS. Bon, si j'ai bien tout compris, autant s'adresser à un boucher charcutier quand on a un cheval blessé...
Un syndicat de médecins? Ca n'a pas l'air de faire l'unanimité...
Le seul truc serait d'avertir et réunir l'ensemble des médecins d'un périmètre déterminé (ultra-variable suivant les contraintes géographiques et matérielles) et d'engager une discussion et une réflexion qui fera de toute façon grogner. Et leur demander de m'apporter au passage une bonne dose d'aspirine, je le sens.
Donc: je fais ce que je peux, avec les informations dont je dispose. Partielles et partiales.
Bonjour.
RépondreSupprimerC'est peu de dire que je suis un peu énervé par cette histoire de MSP.
Je comprends très bien les élus locaux, que je connais par ailleurs assez bien (ma femme est secrétaire de mairie) Mais on leur ment !
Je prépare un post à ce sujet, car j'ai la certitude que nous sommes sur un complet malentendu.
Les élus locaux veulent faire des maisons médicales car on (l'état, les ARS...) les a convaincus qu'elles sont LA SOLUTION au problème de la désertification médicale. C'est la thèse actuellement à la mode. ... mais c'est faux !
Les jeunes médecins sont éventuellement attirés vers les maisons médicales, car on (les mêmes) leur a fait miroiter que leurs frais professionnels y seront plus faibles. ... mais c'est faux !
Les pouvoirs publics pensent, avec les maisons de santé, pouvoir régler le problème de la démographie médicale dans les campagnes sans aborder le problème de la sous-valorisation des actes des professionnels de santé. ... mais ils se bercent d'illusions.
Les médecins (les kiné également) ne s'installent plus (ni en ville ni à la campagne)non pas parce que ce n'est plus la mode, ou qu'ils veulent travailler seulement en ville, ni parce qu'ils veulent travailler moins, mais parce qu'ils n'en ont plus les moyens et qu'ils n'ont plus confiance dans un système de santé qui se fout de leur gueule depuis 20 ou 30 ans, qui les maintient captifs d'actes sous payés.
Faute de faire cette analyse, les maisons de santé seront un échec retentissant. Et un gaspillage d'argent public majeur.
je vais faire un billet là dessus.
Bien cordialement.