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mardi 11 octobre 2011

la culpabilité



Mon confrère "Borée" qui a de toute évidence, un talent certain pour mettre les pieds dans le plat et le doigt là où ça fait mal, vient de faire un excellent billet sur son blog : "Tu fais chier Winckler!".
La réponse de Martin Winckler est non moins talentueuse et intéressante.
je ne prétend pas avoir saisi la pensée profonde de Borée, ni celle de Martin Winckler. En substance il me semble que Borée se sent mis en accusation comme l'ensemble des médecins par Martin Winckler, dans ses écrits sur les médecins maltraitant.
M. Winkler se défend en assumant son rôle de "poil à gratter" nécessaire à la dénonciation des médecins pervers et au soutien aux patients maltraités.

Le billet initial de Borée a particulièrement résonné en moi, tandis que, perché sur mon échelle je lasurais jeudi dernier la façade de ma maison, sous l'oeil intéressé des vautours qui planaient au dessus de la vallée (non, ce n'est pas encore aujourd'hui que je tomberai de l'échelle !)
Comme beaucoup d'autres, j'ai adoré les écrits de Martin Winckler alors que j'étais jeune généraliste rural. J'ai dévoré "la maladie de Sachs" en ayant le sentiment d'avoir enfin été compris.
Quelques années plus tard, c'est plutôt un sentiment confus d'agacement et de trahison qui m'habitait.
Pourquoi tant de haine ?
Comment ne pas se sentir attaqué, en tant que médecin, par les critiques de Martin Winckler? 

Je crois comprendre également la défense de Winckler. Nous avons tous connus des médecins maltraitants. Il y en a tout autant que des patients abusifs. Mais il est vrai que leur position de pouvoir présumé sur le patient justifie que l'on s'attache à dénoncer avec plus d'intransigeance ces médecins que leurs patients "difficiles".
Il affirme par ailleurs, que les médecins qui se sentent accusés par ses livres, sont dans cet état d'esprit parce qu'ils n'ont pas (encore) renoncé à leur "fonction apostolique", cette mission que l'on endosse, en début de carrière et qui nous pousse à vouloir "sauver les gens" fut-ce contre leur gré.

Comme beaucoup de médecins, je suis passé par là, j'en ai souffert des années, seul dans mon coin, sans groupe Balint, et puis je m'en suis défait progressivement avec l'age, l'expérience, avec également la pratique un peu plus régulière des soins aux patients souffrant de dépendances et bien sûr avec mon histoire personnelle, un peu heurtée, et l'aide de mes proches...
Aujourd'hui, c'est une médecine beaucoup plus apaisée que je pratique avec plaisir chaque jour. Je ne suis pratiquement plus jamais dans l'affrontement. Une explication simple suffit en général à désamorcer les situations un peu conflictuelles.
"Je pense que votre état justifie maintenant que l'on vous prescrive un antidépresseur, mais je comprend que vous ne le souhaitiez pas. Je ne le fait donc pas et je vous souhaite de tout coeur de voir votre état s'améliorer rapidement, ce qui est possible. J'aimerais vous revoir dans 15 jours, si vous êtes d'accord. En cas d'aggravation, j'attends votre appel téléphonique, ma porte est ouverte."
Parfois le patient revient en demandant une prise en charge médicamenteuse. J'avais raison de craindre que son état soit assez grave pour nécessiter cette thérapeutique.
Parfois il se porte mieux spontanément. Est-ce le fait d'avoir été entendu? Est-ce simplement son propre travail psy ou le hasard ?  Peu importe, du moment qu'il va mieux et que la relation de confiance n'ai pas été endommagée. Quel confort ! quel plaisir !
En plus de vingt ans de pratique, j'ai la chance de compter sur les doigts de la main gauche de Django Reinhardt les fois où j'ai été accusé par un patient d'avoir failli à ma mission.
Les occasions que j'ai eu de me questionner sur mon attitude diagnostique, thérapeutique, ou relationnelle sont par contre légions. Souvent, je me suis senti coupable, à tort ou à raison, de ne pas avoir réagit immédiatement, ou de ne pas avoir eu la bonne attitude. J'espère avoir tiré les leçons de ces épisodes.

Et pourtant, c'est encore quotidiennement que je me sens mis en accusation, non pas par un patient, mais par les administrations, les dirigeants, la presse...

Il y a seulement 2 ou 3 semaine, je participais à une réunion de certification dans un petit établissement de santé où je fais un quart temps. L'ambiance était houleuse. Des dissensions opposaient l'ensemble des professionnels de santé au représentant des patients qui était aussi l'un des administrateurs de la CPAM locale. (d'ailleurs, est-il bien normal d'être en même temps administrateur de la CPAM et représentant des usagers ?)
Le plus important, pour cet homme était de bien encadrer notre pratique. Tout ce que l'on faisait devait répondre à des protocoles. Des procédures pour assurer la Qualité. Comme je lui expliquais calmement cette fois ci, (cf : grosse colère) que mon code de déontologie et mon code moral personnel me paraissaient suffisants, et que je me conformais généralement à des recommandations de bonne pratique, il me toisa avec morgue et me dit tout à trac que je payais simplement pour le comportement de mes confrères. 
D'une simple phrase il venait de me reléguer au rang de sous-homme, de coupable naturel. Il me jetait à la face une culpabilité de bon aloi. Je devenais le juif déicide, l'allemand honni car automatiquement nazi, le gitan voleur de poule, l'africain du sud nécessairement pro apartheid...

Cette culpabilité, je l'ai portée toute ma carrière en dépit de tous mes efforts pour faire de mon mieux. Sans doutes est-ce pour cela que je l'ai mal supportée.

Je me souviens des paroles de Kouchner lorsqu'il était ministre de la santé et qu'il fustigeait ces nantis de toubibs, coupables à ses yeux de ne pas assez bien assurer le service public de la permanence des soins. 
Les mots de Juppé, résonnent encore à mes oreilles lorsqu'il imposa les mesures vexatoires du plan éponyme, parce que ces irresponsables et cupides médecins avaient dépensés plus que l'ONDAM.
La mère Bachelot aussi peut être gratifiée d'une série de petites phrases assassines sur les médecins. Simple vengeance de pharmacienne ou volonté délibérée de nuire à cette caste d'irréductibles ?
La presse grand public n'est pas en reste, prompte qu'elle est à dénoncer ici les infections nosocomiales, nécessairement causées par les médecins, là les délais d'attente, trop longs, là encore les dépassements abusifs, partout, les médecins incapables de détecter les violences sur enfant ou les femmes battues, les erreurs médicales confondues avec les accidents opératoires et les aléas thérapeutiques... 
Un jour on voue aux gémonies un ophtalmologue raciste. Le lendemain on oublie de publier que le patient soi-disant agressé avait inventé l'affaire.
On publie le résultat d'une enquête disant  que les médecins refusent les patients en CMU. On oublie systématiquement de dire que ce phénomène est marginal et que la CMU est à l'origine de centaines ou de milliers d'euros d'impayés pour chaque médecin.
Récemment, Christian Saout et l'affaire "sac à main et playmobils" et les déclarations du syndicaliste CFDT président de la CNAM ont encore défrayé la chronique.
Dans le même registre inépuisable, ces jours-ci, c'est Arnaud Montebourg qui s'illustre en affirmant que les désirs des médecins (sous entendu, ces nantis égocentriques) devraient s'effacer devant les besoins supérieurs de la nation, et qu'il enverrait manu militari, ces égoïstes bosser à la campagne.
Même discours chez Martine Aubry qui fait bien remarquer que les médecins ont eu leurs études payées par les citoyens et qu'il est donc normal qu'ils fassent un effort... ces ingrats.
N'oublions pas chaque année, le psychodrame de l'ONDAM et les reportages télévisés débutant toujours par ces mots : "les médecins ont encore dérapé. Les dépense de sécurité sociale ont encore dépassé cette année...etc."
La liste de ces remarques culpabilisantes est infinie.
La critique de quelques uns rejailli nécessairement sur les autres. ceux qui font de leur mieux, sans être parfaits. N'est-ce pas d'ailleurs le but de la manœuvre.

Cette politique du « débinage systématique » institutionnalisé a profondément marqué les premières années de ma vie professionnelle. Je ressentait même une certaine honte à être médecin, une culpabilité intrinsèque à ma profession, soigneusement entretenue par cette propagande sournoise.
Il fut un temps où j'hésitais même à dire en public que j'étais médecin, tant je craignais la réaction des gens devant un exemplaire de ce qui était décrit comme un sous professionnel (puisque simple généraliste), gaspillant l'argent public avec des prescriptions inadaptées, gagnant beaucoup plus que ce qu'il mérite, nécessairement imbu de sa personne et méprisant à l'égard des « simples citoyens ».
C'était idiot, mais je ne pouvais me défaire de ce sentiment parfaitement irrationnel.
Les dernières années de ma première installation ont été douloureuse. J'étais habité par une colère sourde et une confusion pénible. Finalement, je n'ai trouvé d'échappatoire que dans la désinstallation.

Des années plus tard je comprends ce mélange de sentiments qui m'habitait et qui continue de temps en temps de me faire bouillir.
Car enfin, les médecins et les autres qui ont quelques notions de psycho, cela ne vous rappelle rien, ce harcèlement, cette culpabilisation perpétuelle. 
Que diriez vous d'une personne qui dit vous respecter mais vous harcèle en permanence ?
Comment qualifier celui qui vous encense le matin et vous dénigre le soir, celui qui se plait à dire qu'il joue extrèmement bien son rôle et passe son temps à vous culpabiliser de ne pas être à la hauteur, celui qui se pose toujours en victime de vos abus (relationnels - financiers...)?

Ça y est ? Ça revient ? 
Oui, c'est bien le pervers narcissique
A mon avis, en effet, le corps médical souffre d'une relation pathologique avec "le pouvoir" où il est la victime consentante de la classe dirigeante, elle même dans la position d'un pervers narcissique. 
Au delà des négociations conventionnelles où se cristallise l'essence des relations qui lient le pays avec son corps médical, c'est une véritable révolution psychologique que nous devons faire, individuellement et surtout collectivement, pour nous défaire de ce conditionnement négatif qui aboutit à notre passivité devant ce laminage en règle de notre profession. 
Aurions nous accepté tous les abus de pouvoir des 30 dernières années sans la sujétion malsaine conférée par cette manipulation ?


Pour en revenir aux médecins maltraitants, les écrits de Martin Winckler me paraissent utiles. L'idée de maltraiter, ne serait-ce qu'inconsciemment certains patients, me dérange profondément. 
Pour autant, je crains que son rayonnement littéraire ne tienne en partie à l'époque. Une ère plus respectueuse des médecins n'aurait probablement pas érigé Winckler ainsi en modèle, ni en censeur.
Et cela aurait peut être été dommage. 
Non décidément, cela ne me dérange plus que l'on puisse critiquer certains de mes "confrères" qui auraient oublié d'être frères. J'ai assez confiance en moi aujourd'hui, pour ne pas me sentir dans le groupe des maltraitants. Cela me suffit. Je crois que j'ai fait ma révolution intérieure. 
A Borée, j'ai envie de dire : "Je ne te connais pas, et sans doute ne sommes nous pas d'accord en tous points, mais pour t'avoir lu, j'ai confiance dans tes qualités humaines et professionnelles. Cette culpabilité intrinsèque que tu ressens et dont j'ai également souffert longtemps n'est probablement pas uniquement liée à la comparaison que tu fais entre les "héros" de Winckler et la vraie vie. Elle fait à mon avis partie d'une manipulation globale et très perverse des médecins. Le billet très intéressant que tu as écris sur ton revenu, je l'ai interprété comme une tentative de sortie de la culpabilité, un essai de justification. Ton dernier billet en est une autre, mais la cible choisie n'est peut-être pas la bonne. Il n'y a rien à justifier. Fais ta propre révolution. Le bonheur d'exercer viendra par surcroit"


Quant au corps médical dans son ensemble, je suis convaincu qu'il lui faut sortir de ce rôle de victime expiatoire qui contribue grandement à son malheur actuel, mais chacun sait combien il est difficile pour une femme battue de quitter un conjoint maltraitant. Elle est convaincue de mériter son sort et a une piètre image d'elle même, et par dessus tout elle idolâtre encore très souvent le mari violent...
En somme, quand cesserons nous de faire confiance aux politiques qui nous ont trompé depuis 30 ou 40 ans ?
Quand réaliserons nous que le système français d'organisation des soins, loin de garantir l'accès de chacun à la santé, détruit le seul organe capable de soigner : les médecins ?
Il y a encore du chemin...

15 commentaires:

  1. Pour sûr qu'ils nous aiment!
    http://docteurzed.blogspot.com/2011/06/de-lamour-des-medecins-cfdt.html

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  2. Oui je crois qu'on passe tous à un moment par cette grande phase de désillusion, où alors qu'alors qu'on a choisi ce métier pour "sauver le monde" ou s'aperçoit avec douleur que "mais... on nous aime pas ?"
    J'en suis encore au stade où je ne dis surtout pas que je suis médecin, et d'une pour ne pas avoir à écouter le petit que tousse ou regarder le bouton bizarre; mais aussi pour ne pas avoir à justifier ou à défendre la profession en général, parce que tout le monde a bien en tête un ptit con de nanti prétentieux imbu de lui même et pété de tunes.

    Plus d'une fois j'ai du me justifier et m'excuser de vivre correctement et de ne pas avoir dormi dans la rue, y compris avec mon conjoint. A ne pas avoir eu de problèmes d'argent, à faire une profession où l'on vit bien, je perd toute légitimité à me plaindre de quoi que ce soit.
    J'aurais sûrement dû refuser tout ceci, claquer la porte et squatter des cages d'escalier pour avoir le droit de faire partie des "gens bien"

    Une fois qu'on a compris qu'il ne fallait pas faire ce métier pour l'amour et les remerciements qu'on reçois en retour, qu'on ne peut pas "sauver les gens" contre leur gré, et que l'important c'est d'être au clair avec soi même; on l'aborde plus sereinement...
    Mais le travail à faire n'est pas facile.

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  3. Bonjour

    Magnifique analyse , comme souvent d'ailleurs, que je partage.
    Juste une remarque : Que doit-on faire face à un pervers narcissique ?
    Vous le savez sans doute , la seule attitude est la fuite car le pervers narcissique n'a aucun sentiment vis à vis de sa victime et se considère comme normal , c'est l'autre qui est malade.
    Si cette victime ne fuit pas, cela peut se terminer très mal pour elle.
    Alors que tirer comme conclusion pour les médecins?
    Le déconventionnement massif, je ne voit que cette solution .
    Elle est radicale, mais aussi utopique car "les médecins" ne sont pas une "individualité".

    Bien amicalement

    Marc

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  4. @docteurzed : Merci pour ton lien. En fait je connaissais déjà ton article. J'ai beaucoup aimé la conclusion et les autres entrées me plaisent aussi. Je t'ai mis dans une bloglist.
    Amicalement.
    @ Docmam : Il m'a fallut atteindre 40 ans pour être à peu près au clair avec ce que tu dis. Mais je bosse toujours dessus. ce blog sert aussi à cela. merci de me montrer que je ne suis pas tout seul, ou plutôt que je ne le suis plus.
    @ Marc : OUI ! oui oui oui oui oui !
    Déconventionnement massif. c'est ce que je prône depuis 10 ans. Utopique, peut être. mais l'utopie, c'est la réalité de demain, non ?
    Amicalement.

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  5. Merci pour le lien, c'est très sympa. Mais dites-moi, ne m'auriez vous pas plagié dans votre présentation ? ;)

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  6. @ philippe psy : Ma foi, je viens de relire votre présentation, et il est bien possible que j'aie été influencé par votre blog que je lis depuis très longtemps avec plaisir. Mais c'était sincèrement à l'insu de mon plein gré.
    Mystère de l'inconscient... Je ne vous fais pas un topo ? ;-)
    Ou alors on est tous deux des "praticiens électrons libres" légèrement sarcastiques.

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  7. Incroyable ce que ça fait du bien à lire. Incroyable d'arriver aux mêmes conclusions... Ca fait du bien. Merci

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  8. Merci pour ton soutien. Amicalement.

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  9. (mince mon comm précédent ne s'est pas enregistré...)
    je me souviens de ma courte vie de généraliste. j'étais un mauvais généraliste ignorant (ça c'était la faute des hospitaliers qui enseignaient) feignant, assez imbu de mes choix , et plutôt dépourvu de compassion(malgré mes lectures de Carpentier et des cahiers de médecine utopique.)
    je me souviens que la rencontre avec Winckler à travers la maladie de Sachs a été comme une véritable gifle. rencontre tardive : j'étais déjà installé comme oph.
    Winckler vit depuis longtemps au canada il n'a pas vu la dégradation des rapports des médecins avec les malades et les tutelles ou s'il revient en France il ne la vit pas au quotidien.
    que les patients nous maltraitent , c'est fréquent souvent nous pouvons gérer .
    beaucoup plus compliqué de gérer le dénigrement incessant des médias, des tutelles.
    "MON ophtalmo est bien",(surtout s'il m'a donné RDV)
    "LES ophtalmos sont tous des pourris qui se gavent de dépassements d'honoraires et voient les gens en 5 minutes "
    je suis sûr que c'est pareil pour les MG
    Quant aux élus de tout poil,et responsables CNAM, ils sont prévenus qu'hors urgence urgentissime ce n'est pas la peine de me demander un rendez vous.
    j'aime bien la synthèse que vous avez faite entre Borée et Winckler
    merci pour ce billet

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  10. Depuis un certain temps déjà, dès qu'il s'agit de médecine, il n'est hélas question que de droits, rarement de devoirs du côté des patients, mais trop peut-être du côté des médecins...
    Les français attendent de leur médecin une garantie totale contre tout risque de pathologie parce que notre société glisse dangereusement vers une société de droits absolus...
    Et les devoirs de chacun alors ?
    Le respect mutuel même en cas de désaccord, la non toute puissance des uns et des autres, la prévention, le bon sens me paraissent indispensables dans le milieu de la santé comme dans bien d'autres domaines d'ailleurs...
    A propos de toute décision, de tout choix à faire, j'ai un jour entendu quelqu'un parler de Conscience Eclairée...
    Si il y a une relation médecin/patient dans une conscience éclairée, chacun est reconnu dans son humanité avant d'être reconnu dans sa "fonction".
    Je ne suis pas médecin (ma fille veut le devenir), et rarement patiente car j'ai une bonne santé que j'entretiens au mieux.
    La médecine et l'éducation sont les deux secteurs qui permettent de maintenir une population en équilibre...ça ne rapporte pas ou trop peu....
    Bon courage et Respect !

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  11. @ Fluorette. You are welcomE. Si j'ai fait ce billet, c'est que j'ai l'impression que les jeunes médecins portent un fardeau de culpabilité, du simple fait d'être médecin, plus encore que mou même il y a 15 ans. Je trouve qu'on exprime beaucoup de doutes et d'excuses sur les blogs médicaux. Non pas que je voudrais des surhommes et surfemmes imbus d'eux même, mais cela me parait excessif. On est tout le temps en train de douter ou de s'excuser. Haut les coeurs ! on fait un métier formidable. Tu as raison de t'installer, et deux fois plus raison de mettre d'emblée des limites +++ Tu era heureuse dans ta pratique.
    @Zigmund : Exact : les désaccords avec les patients sont normaux et doivent être géré en face à face. Il y a toujours moyen de s'entendre
    C'est avec les autorités que ça ne va pas. amicalement.
    @anonyme. Merci du commentaire - très intéressant. Pas le temps de répondre. mais je réponds bientot. cordialement.

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  12. :(
    Moi je suis du côté des usagers qui râlent et ton texte m'a mis une grande baffe. Je finis pas d'apprendre à arrêter de juger mon prochain qui a comme tout le monde sa propre croix à porter. Différente de la mienne certes, mais pas moins lourde.

    Peut-être je devrais arrêter de coller la même étiquette à l'intégralité de la profession.

    Perso j'ai jamais considéré que vous gagniez trop, mais plutôt pas assez. Je ne suis pas en rogne contre les délais, et la désertion des campagnes. De ce côté j'arrive encore à me mettre à votre place. Mais je reconnais que c'est tendance de dire que les médecins sont des connards plein de fric, en France c'est mal d'être "riche" (et on devient riche assez vite d'ailleurs aux yeux des français)

    Je suis juste traumatisée de jamais avoir bénéficié de la toute puissance de votre savoir quand j'étais à l'article de la mort. Il a fallu que ma sœur jumelle, ancienne P1 et nouvelle dentiste me dise à quel point toutes les connaissances que nous avions étaient loin de cerner la complexité du corps humain pour comprendre que les médecins faisaient pas mal de truc avec ce qu'ils avaient, et qu'on devait sortir nous même de la fameuse relation dont parle Anonyme : Le médecin sait tout, il peut tout, je paye et je veux être guéri.
    Il y a aussi des médecins cons, et d'autres qui sont pas parfaits parce que vous êtes la Xeme consultation et bizarrement on retient que ceux là.

    Après pour le pervers narcissique, je veux pas dire, mais dans mon esprit étriqué de jamais contente, les élus sont au choix médecin ou avocat, et le numerus clausus est géré par l'état... Allez, c'est le moment de faire un peu (beaucoup) de lobbying !

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  13. C'est un très bel article. J'ai lu tout comme vous,M. Winckler,"Borée".Incroyable le nombre de médecin ayant lu "la maladie de Sachs", distribué par un labo si ma mémoire est bonne.Le sujet de la maltraitance est de plus en plus évoqué. Les patients ne considèrent peut-être plus le médecin comme un être tout puissant.Je crois qu'il n'y plus que certains médecins qui le pensent. Et l'époque est à la revendication alors......
    Quand j'ai débuté ma carrière de PH en psychiatrie, je me suis retrouvée seule à me battre dans un service au fonctionnement quasi carcéral. Me battre pour la qualité de l'accueil, de l'écoute. Arrêter d'attaquer la dignité du patient en le tutoyant, en le laissant en pyjama, en le menaçant de la fameuse injection "sédative" accompagnée de la chambre d'isolement s'il n'était "pas sage".Et j'en passe.Je crois que j'ai toujours essayé de lutter contre toute maltraitance mais je ne dis pas que je ne l'ai jamais été. Il y a surement eu des jours où crevée, énervée je n'étais pas dans le soin, la bienveillance.
    Je suis passée très tôt de l'autre côté également. Ma SEP a été découverte pendant mon internat et j'ai pu voir le merveilleux fonctionnement hospitalier.
    Je pense que les écrits de M. Winckler sont tout à fait justes. J'ai expérimenté les différents types de médecins maltraitants. Je trouve qu'il est bon de lire ses écrits mais je suis sure que seuls les médecins qui veillent justement à ne pas être dans la maltraitance les lisent.
    Je pense avoir été très longue donc stop!
    C'était un article vraiment intéressant à lire, je reviendrai plus tard pour les autres.

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    1. Vous voulez que je vous dise mon sentiment, moi, simple citoyenne lambda, confrontée depuis 8 ans avec le crabe, à travers mon "expérience" et celles des autres ?
      Votre plus grand défaut à vous médecins, c'est de vivre dans votre "bulle", enfin, de vouloir vous protéger à tout prix, la preuve, vous n'osez plus dire votre profession de peur qu'on vous harcèle...Ah, il est loin notre médecin de campagne qui se déplaçait à toute heure du jour.....et de la nuit, surtout la nuit !
      Vous déléguez, vous laissez le soin aux infirmières, aux aides-soignants, de gérer à votre place le malade...
      Et, c'est là que le bât blesse..Car, il y a de tout dans le monde médical, des gens bien, des gens avec un QI d'huître..
      Un exemple que je n'ai jamais oublié et qui me titillera le cerveau le restant de mes jours..
      Ma grand-mère a été amputée à 95 ans...
      Un jour, je me suis pointée à l'improviste à l'hôpital (toujours se pointer à l'improviste dans les hôpitaux, encore plus dans les maisons de retraite)...
      La porte de sa chambre était entrebaillée...J'ai vu qu'on lui faisait des soins..Alors, je me suis assise discrètement sur une chaise...
      J'ai entendu ma grand-mère gémir dans son état comateux...A ce moment-là, j'ai cru entendre quelqu'un dire "tu vas fermer ta gueule la vieille"...Suite à ces mots, j'ai entendu quelqu'un dire "attention, il y a quelqu'un de sa famille dehors"...
      Quand ils sont tous ressortis, je les ai regardés, sans dire un mot...Devais-je protester ? Hurler ma colère ? Je n'ai rien dit, doutant d'avoir entendu CA...

      C'est à vous, médecins qu'incombe le devoir de surveiller vos personnels, de faire attention à ce que ça ne dérape pas..Les vieux, les enfants, sont des personnes trop vulnérables pour mériter qu'on les maltraite psychologiquement.

      Vos mots "pervers narcissique" raisonne aussi en moi..
      Je suis allée voir une copine malade, très malade, qui SAIT..
      Elle m'a parlé de son mari qu'elle pensait être un pervers narcissique..Ca l'obsède..Elle m'a montré un article de journal...Je voulais vous demander une chose : "trouvez-vous normal qu'un homme qui a trompé sa femme toute sa vie, ne lui a jamais parlé, l'a toujours ignorée, rabaissée, lui a soufflé le chaud et le froid toute sa vie, comment cet homme peut-il passer toutes ses journées et ses nuits auprès de sa femme à l'hôpital ?..Il est là, tout simplement...Ca dure depuis 2 mois....Que dire de ce comportement ? On dirait que tout lui passe dessus, on ne sait pas s'il souffre..Il ne réagit pas, ne va pas voir les médecins quand sa femme souffre..Est-ce la définition d'un pervers narcissique, rien n'aurait d'emprise sur eux..

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