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lundi 11 avril 2011

"Best-Of" de l'hiver 2010-2011.

La neige fond comme neige au soleil (?) en ce début d'avril estival et la plupart des gens d'ici n'osent croire que les températures vont rester aussi hautes. L'an dernier, nous avions reçu 80 cm de neige au 15 avril et 50 cm de plus au 15 mai, sur les arbres en fleur.
La station de ski vient de fermer, et nous retrouvons le calme des montagnes en mi saison, après 4 mois de travail effréné.
En effet, l'hiver, nous prenons en charge une grosse partie des accidents de ski dans notre petit cabinet équipé d'une salle de radio et d'une salle d'urgence.
Cette activité de traumatologie spécifique des médecins de station de ski vient diversifier un peu notre pratique de médecin généraliste. En secteur 1, elle demande énormément de disponibilité, beaucoup d'investissement et les actes n'ont pas été revalorisés depuis ... au moins 15 ans. Cela ne constitue donc qu'une faible part de nos revenus alors que cela représente une grosse partie de notre travail.
Mais c'est plutôt amusant, et surtout, cela change un peu de la bobologie.
C'est le moment de revenir sur les quelques "cas" un peu étonnant de la traumatologie de l'hiver.
Voici donc le "best-of" de l'hiver 2010 - 2011.

Grand gagnant, ce jeune homme victime d'une chute en ski acrobatique, un samedi de mars.
Il nous a été amené par les ambulanciers, plié en deux dans un matelas coquille avec une violente douleur à la fesse gauche.
Sa compagne qui suivait l'ambulance nous a montré les images de sa chute, qu'elle avait enregistrée sur son mobile. C'est pratique, maintenant on a souvent un film de la gamelle, sur le mobile des proches. Parfois, ça aide! Sur celui-ci, on voit notre artiste s'élancer sur la piste, avec un peu trop d'élan sans doute, puis prendre le tremplin, s'élever à 5 ou 6 m de haut, enchaîner un saut périlleux carpé suivi d'une vrille à plat (?)... puis perdre sa concentration et commencer une série de mouvements désordonnés pour tenter de retomber correctement... Raté !
On imagine ce qui s'est passé dans sa tête. Un truc du même genre que dans le générique de l'homme qui valait 3 milliards : "Amorce du piqué, Oscar... Extinction. Danger 3, ramené point zero. latéral ne réponds plus. Je ne peux pas maintenir l'altitude. Correction sans résultat. Je ne peux pas redresser. Rupture de circuit... Mayday Mayday....... boooomm
Steve Austin, un homme tout juste vivant..."    Steve Austin - générique 
Première urgence; la douleur : Perfusion, Morphine intraveineuse, titrée..10...15... 20 mg ! Oups ça doit faire mal. Perfalgan, Protoxyde d'azote... simplement pour arriver à faire une radio :
Résultats : luxation postérieure de la hanche. Pas mal! Ça n'est pas si fréquent en ski...
Honte à nous, nous n'avons pas osé la réduire sur place, par manque d'expérience de ce genre de réduction et craintes des éventuelles fractures associées non visibles sur nos clichés de qualité médiocre. Il sera réduit assez facilement au bloc opératoire de la clinique voisine. A priori, le scanner n'a pas montré de fracture associée. Espérons qu'il ne souffre pas de nécrose de la tête fémorale.

Deuxième prix : Il a 15 ans, et en faisant le zouave en bord de piste, il rencontre un sapin. C'est ballot !
Il se plaint surtout de la jambe. D'ailleurs, un gros hématome se forme sur la crête tibiale.
Qu'à cela ne tienne, il se remet sur ses jambes et repars en skiant. Pas trop longtemps tout de même.
En arrivant en bas de la piste, il ôte ses skis et clopine jusqu'au poste de secours. Là, un pisteur l'examine et lui conseille de mettre de l'Arnican*.
Finalement, comme ça commence à faire assez mal, il se fait aider par les copains et marche jusqu'au centre médical.
Par acquis de conscience, on fait quand même une radio de la jambe : Fracture du tiers moyen du tibia. Il bénéficiera finalement d'un traitement orthopédique.
Moralité : Ce n'est pas parce que tu marches que tu n'as pas la jambe cassée !

Troisième prix : Un homme de 50 ans qui fait une chute sur une piste noire. Il souffre de son épaule, et ne la bouge pas correctement, mais continue quand même à skier jusqu'au soir. Les forfaits sont
chers. Il ne faut pas gâcher !
C'est à 17 h , à la fermeture, que finalement il se décide à consulter avec une luxation typique de l'épaule, associée à une fracture du tubercule majeur (du trochiter, pour les anciens) qui seront réduites rapidement au cabinet.
Il y en a qui sont durs au mal, quand même !

Prix de consolation pour cette jeune femme qui ne pouvait plus porter son poids sur la jambe gauche après s'être entaillé le genou avec le quart de son ski. En fait, ça n'était pas très étonnant, lorsqu'on l'examinait. Plaie articulaire avec section quasi complète du tendon rotulien !

Bon, que cela ne vous empêche pas de faire du ski l'hiver prochain, mais essayez d'avoir une condition physique minimale. En cas de méforme restez tranquille. Il vaut mieux perdre une journée que de se faire une entorse du genou. Mangez bien. Hydratez vous correctement. Portez un casque. Bref, soyez prudent. 

2 commentaires:

  1. J'ai eu mal rien qu'en lisant "luxation de hanche"!

    Pour l'anecdote, suite à une chute, j'étais allée en boitant de la voiture aux urgences : le médecin que j'avais vu m'avait examinée en rigolant parce que pour lui j'étais une chochotte. J'avais quand même une fracture bi-malléolaire! Il ne s'est pas excusé

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  2. Il faut toujours se méfier d'une fracture, même si le blessé arrive sur ses jambes ou se plaint peu. Parfois on est surpris comme avec ce jeune garçon et son tibia, mais il est fréquent que l'on diagnostique des fractures 2 ou 3 jours après le trauma.
    Par ailleurs, même si les radio semblent nickel, ne pas hésiter à explorer par scanner lorsque "tu ne le sens pas"... surtout un pied, un poignet, un bassin ou un rachis... et ne pas méconnaitre les lésions ligamentaires graves.
    J'espère que ta cheville a malgré tout guéris correctement.

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